Le football tchèque n'est pas sur la voie de l'apaisement

Karel Jarolim, photo: Martin Maly, www.slavia.cz

Deux millions de couronnes (plus de 66000 euros) d'amende pour le Slavia, 100 000 (3300 euros) pour l'entraîneur Karel Jarolim, une interdiction d'exercer le poste de manager pendant deux ans pour Miroslav Rydl : telles sont les principales sanctions imposées, récemment, dernier par les instances disciplinaires du football tchèque. Retour sur un épisode affligeant, un de plus, dans la crise qui touche le football national.

La Commission disciplinaire du football tchèque a rendu jeudi 4 mai son verdict suite au match Slavia Prague-Slovan Liberec du mercredi 27 avril. Ce dernier avait été interrompu par le départ des joueurs de l'équipe de la capitale, rappelés par leur entraîneur à la 70ème minute. Par ce geste, Karel Jarolim voulait exprimer ses doutes quant à la qualité et l'impartialité de l'arbitrage. Il avait lancé ensuite des accusations de corruption à l'encontre de l'homme en noir. Même si le match avait finalement repris, il était évident que l'affaire n'en resterait pas là. Le Slavia, actuellement 4ème du championnat, écope donc d'une amende importante, tout comme l'entraîneur et le responsable sportif Martin Lafek. En plus de ces sanctions financières, le capitaine de l'équipe, Stanislav Vlcek, n'aura pas le droit de porter le brassard pendant un an. Le manager général, Miroslav Rydl, a interdiction d'occuper son poste pour les deux prochaines années. Cette décision sévère est sans doute justifiée par l'événement regrettable qui constituait une première dans l'histoire du football tchèque. Cependant, Vladimir Leska, président du club, l'estime disproportionnée et évoque une certaine injustice : "C'est intéressant de comparer la sanction infligée au Slavia, qui a essayé d'attirer l'attention sur la situation dans le football tchèque - d'une manière peu conventionnelle -, avec les sanctions infligées aux clubs mouillés dans les affaires de corruption."

L'acte de Karel Jarolim, sur ordre du président du club descendu sur le terrain, révèle bien la crise profonde du football national, toujours pas débarrassé des scandales. En ce sens, la décision récente va dans le bon sens, mais le combat contre un système profondément perverti n'est pas terminé.

Ainsi, la révolte de Jarolim a pu faire sourire quand on sait que la direction du Slavia est en ce moment critiquée pour un choix contestable, le recrutement comme manager d'un ancien arbitre actuellement poursuivi pour actes de corruption par la fédération, Lubomir Pucek. (La société tchèque préfère rire de tout cela, comme le montre le succès d'une pièce de théâtre inspirée des récentes histoires de matchs truqués. Mais ce n'est sans doute pas la meilleure manière pour les joueurs de préparer sereinement la Coupe du Monde, qui commence dans un mois en Allemagne. Et le public attend un autre spectacle que celui donné par ces tristes acteurs...)

Auteur: Benoît Humeau
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