« Le frère du pendu » de Marianne Sluszny : l’histoire « furieusement moderne » d’un homme du passé

Marianne Sluszny

Marianne Sluszny est écrivaine. Elle travaille à la Radio Télévision de la Communauté française en Belgique comme productrice d’émissions et de documentaires culturels. Elle est également professeure de philosophie à l’Institut national supérieur des arts visuels. Marianne Sluszny représentait la Belgique lors des événements littéraires qui se sont tenus à Prague la semaine dernière : la Nuit du Livre et la foire Le Monde du Livre. Rencontre…

Marianne Sluszny
« J’ai publié deux livres, le premier, en 2006, qui s’intitule ‘Toi, Cécile Kowalski’ et, en septembre 2011, ‘Le frère du pendu’, aux Editions de La Différence. »

C’est justement « Le frère du pendu » qui a été présenté à la Nuit du livre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

« C’est un roman historique mais très romancé qui porte sur la trajectoire d’un homme né en 1880 en Pologne sous l’occupation russe, tsariste. En 1897, il devient un agitateur révolutionnaire. Lors la répression de la première révolution russe, en 1905, il va voir son frère pendu par des cosaques pour des raisons politiques, notamment parce qu’ils étaient révolutionnaires. Suite à la pendaison de son frère aîné, c’est pour ça que le roman s’appelle ‘Le frère du pendu’, mon héros prend la route de l’Europe occidentale. Il mène sa vie à Bruxelles jusqu’en 1963, l’année de son décès. J’ai reconstitué toute la trajectoire de cet homme qui passe par beaucoup d’événements du siècle. Une trajectoire universelle qui peut intéresser beaucoup de monde. »

Pour créer ce personnage, vous vous êtes inspirée de quelqu’un en particulier ?

« Ce personnage ressemble très fortement à mon grand-père paternel, né en Pologne en 1880. Mais, évidemment, c’est une interprétation. C’est un roman. Il y a donc plein de choses que l’on ne sait pas, que l’on change et que l’on invente. Je crois que c’est le propre du roman : on est dans le mentir vrai ! C’est-à-dire que l’on essaye de rendre hommage aux personnages auxquels on s’adresse, mais, en même temps, on compose certaines choses parce que l’on ne sait pas tout. Heureusement peut-être. Ce que j’ai choisi, c’est de raconter la trajectoire d’un homme du passé que je trouve furieusement moderne dans la mesure où il y a des révoltes, des indignations, qu’il est contre les clôtures claniques, contre les murs que l’on établit entre les êtres humains. Je pense qu’il pose des questions qui sont très actuelles. »

Y a-t-il un lien entre votre livre et la République tchèque ?

« Il y a quand même une sentimentalité, mais c’est plus d’ordre personnel, dans le sens où mon héros a eu deux fils, dont l’un, Saul Kowalski, qui ressemble à mon père. Saul Kowalski était un musicien de renommé internationale qui a joué énormément dans les pays de l’Est après la Deuxième Guerre mondiale. C’était le premier pianiste belge à se rendre en Union Soviétique, mais aussi en Tchécoslovaquie, en Pologne et en Hongrie. Je me souviens avoir accompagné mon père à Prague, où il donnait des concerts. J’ai pu visiter Prague deux fois : la première fois lorsque j’avais douze ou treize ans et la seconde lorsque j’en avais seize ou dix-sept. J’ai beaucoup apprécié cette ville, où je suis retournée depuis. C’est la quatrième fois que j’y viens. »