Le gouvernement d’Andrej Babiš dans l’attente du « verdict » de la social-démocratie
Les négociations pour la formation d’une coalition gouvernementale ont progressé ces derniers jours. Un terrain d’entente a été trouvé entre les leaders du mouvement ANO et du parti social-démocrate (ČSSD), Andrej Babiš et Jan Hamáček, sur le contenu de l’accord de coalition comme sur le programme de celle-ci. Ces avancées près de sept mois après la tenue des élections législatives ne signifient pas pour autant encore que cette coalition verra bien le jour. Il appartient en effet désormais au club parlementaire du ČSSD de décider de la suite à donner aux accords trouvés. Or, beaucoup de députés sociaux-démocrates restent opposés à l’idée d’une nouvelle coopération avec le mouvement ANO, et plus particulièrement avec l’actuel Premier ministre démissionnaire Andrej Babiš, dont les poursuites judiciaires dont il est l’objet depuis plusieurs mois continuent de constituer un obstacle à la formation d’un nouveau gouvernement dont il serait le chef.
« L’important, ce sera la position qu’adoptera le club des députés sociaux-démocrates lors de son vote. De notre côté, nous nous efforçons de leur expliquer notre position, même si ce n’est pas évident, car elle ne fait pas l’unanimité. En même temps, je pense que tout le monde souhaite que nous puissions enfin avoir un gouvernement qui dispose de la confiance de la Chambre des députés de façon à pouvoir travailler plus sereinement. »
Andrej Babiš et Jan Hamáček n’ont guère été plus loquaces sur le contenu de leurs discussions. Le leader social-démocrate s’est contenté d’indiquer que le texte qui a été formulé « est acceptable pour le ČSSD et résout toutes les choses qu’il était nécessaire de résoudre ». Sur ce point, les deux conditions posées par la social-démocratie à la direction du mouvement ANO étaient les suivantes : la démission d’Andrej Babiš des fonctions de Premier ministre s’il est reconnu coupable dans l’affaire dite du « Nid de cigognes » (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/infos/affaire-du-nid-de-cigognes-le-vice-president-du-mouvement-ano-nest-plus-poursuivi) et la révocation de certaines hautes fonctions à la Chambre basse de députés membres du parti d’extrême droite SPD, et notamment de son leader Tomio Okamura, actuel vice-président de la Chambre.Plus généralement, tout ministre serait tenu de démissionner s’il est reconnu coupable en première instance dans quelque affaire que ce soit. Par ailleurs, Andrej Babiš serait lui aussi contraint d’agir de la sorte si les cinq ministres sociaux-démocrates qui siégeraient au sein de la coalition démissionnaient en bloc. Sans confirmer ni infirmer cette version, Andrej Babiš, qui remplit actuellement les fonctions de Premier ministre démissionnaire depuis janvier dernier, a déclaré qu’il ne voyait « aucune raison que quelqu’un soit condamné ».
De leur côté, les communistes ont confirmé par la voix de leur président Vojtěch Filip qu’ils étaient prêts à tolérer ce gouvernement bipartite ANO-ČSSD. Si tel était le cas, cette attitude marquerait alors de facto leur grand retour au pouvoir, vingt-huit ans après la révolution de velours. Et il est alors fort possible, comme le remarquait ce mercredi le quotidien slovaque Denník N, que le parti social-démocrate, déjà bien mal en point depuis les élections de l’automne dernier et en chute libre dans les sondages, finisse « de creuser sa tombe » au profit un peu plus encore d’Andrej Babiš.