Le gouvernement de Jiří Rusnok a fait son temps

Photo: CTK

Depuis vendredi dernier, la République tchèque a deux premiers ministres. Jiří Rusnok, en démission depuis six mois, partage le titre avec le leader social-démocrate, Bohuslav Sobotka, lequel devra attendre jusqu’à mercredi pour la nomination de son équipe par le président de la République. Cette passation du pouvoir est l’occasion pour Radio Prague d’amorcer un bilan du mandat de ce gouvernement dit « d’experts ».

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La nomination du nouveau gouvernement, né de la coalition tripartite entre le parti social-démocrate (ČSSD), le mouvement de l’Action des citoyens mécontents (ANO) et les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL), marquera en même temps la fin du gouvernement dit « d’experts », désigné par Miloš Zeman suite à la chute du cabinet de Petr Nečas, assommé par des affaires de corruption, il y a presque sept mois de cela.

A l’époque, à la tête de « son » gouvernement, le président a choisi un ami et collègue, Jiří Rusnok, son ministre des Finances entre 2001 et 2002 et par la suite ministre de l’Industrie et du Commerce sous Vladimír Špidla. Jiří Rusnok prendra d’ici peu la direction du Conseil bancaire de la Banque nationale tchèque (ČNB). Mais avant de lui souhaiter un bon départ de ses fonctions de Premier ministre, revenons au tout début lors de sa désignation à ce poste en juillet dernier. Miloš Zeman déclarait alors :

Jiří Rusnok,  photo: CTK
« Cher Président du gouvernement, je vous remercie d’être venu accepter mon offre afin de devenir le Premier ministre de la République tchèque en cette période très difficile. J’apprécie le fait que vous soyez un expert. Aussi, j’ai désigné votre cabinet en tant que gouvernement d’experts et je considère donc que votre nomination en est la preuve. »

Ce gouvernement d’experts n’a jamais obtenu la confiance à la Chambre des députés et a ainsi remis le 13 août sa démission entre les mains de Miloš Zeman. Mais l’équipe de Jiří Rusnok a malgré tout géré le pays pendant sept mois, dont cinq effectivement en démission. Mais loin de se contenter d’une simple gestion des affaires courantes, les ministres de Rusnok n’ont pas perdu leur temps, puisqu’ils ont notamment contracté des nombreuses commandes sans appel d’offres. Pour la période de septembre à décembre 2013, leur montant s’élevait à 2,85 milliards de couronnes (105 millions d’euros), ce qui est six fois plus que le prix total des commandes publiques contractées sur la même période l’année précédente par le gouvernement de Petr Nečas (selon les estimations de l’association Oživení – Relance).

Bohuslav Sobotka et Miloš Zeman,  photo: CTK
L’empreinte de cette équipe « d’experts » se fera de toute façon sentir car elle a également élaboré le budget de l’Etat pour l’année 2014, un budget dont hérite la nouvelle coalition de Bohuslav Sobotka. Le chef de la social-démocratie, nommé Premier ministre vendredi dernier, a eu droit à un discours présidentiel insistant une nouvelle fois sur la compétence des experts. Différence notable cependant, Miloš Zeman, qui avait l’air plutôt rassuré par l’équipe de Jiří Rusnok, s’est borné à formuler des souhaits à l’adresse du cabinet de Bohuslav Sobotka :

« Je vous souhaite de parvenir à composer une équipe professionnelle fondée sur un haut niveau d’expertise ainsi que sur des expériences de vie. Je souhaite également que cette équipe devienne un gouvernement fort et couronné de succès pour la République tchèque. »

Ce mercredi, Jiří Rusnok a clôturé ce qu’il estime avoir été la dernière réunion de son cabinet. C’est mercredi prochain que le gouvernement de Bohuslav Sobotka sera nommé par le chef de l’Etat et il ne restera plus alors qu’à constater : « le Roi est mort. Vive le Roi ».