Vote de confiance : Jiří Rusnok veut y croire

Jiří Rusnok, photo: ČTK

Le vote de confiance au gouvernement d’experts de Jiří Rusnok se tiendra ce mercredi à la Chambre des députés. Désigné début juillet par le président Miloš Zeman suite à la démission de la coalition de droite de Petr Nečas, le nouveau Premier ministre affirme que son cabinet pourrait malgré tout obtenir la confiance grâce à l’absence de certains députés au moment du vote. Parmi ces absents figurera David Rath, dont le procès, très attendu et longuement préparé par la procurature, débutera le même jour.

Jiří Rusnok,  photo: ČTK
Si la nomination de Jiří Rusnok au poste du Premier ministre a provoqué une levée de boucliers immédiate des partis politiques, qui ont rejeté comme un seul homme le gouvernement d’experts, un mois plus tard, le Premier ministre Jiří Rusnok affirme néanmoins pouvoir obtenir le soutien de quatre-vingt-dix-sept députés lors du vote de confiance :

« Je ne dispose pas d’un soutien écrit ou promis explicitement. Dans ce sens, la situation actuelle est donc comparable à celle d’il y a un mois. Je ne tiens pas de statistiques sur le suivi des changements, car la Chambre des députés est un organisme tellement dynamique que toute statistique devient vite obsolète. Tout le monde aura l’occasion de s’exprimer lors du vote de mercredi, néanmoins mon estimation personnelle est que nous allons recueillir quatre-vingt-seize ou quatre-vingt-dix-sept voix. »

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
Selon les déclarations des chefs des différents clubs parlementaires, le soutien au gouvernement d’experts proviendrait essentiellement du parti communiste et de la social-démocratie (ČSSD). Cette dernière reste depuis plusieurs semaines très divisée sur le sujet, avec une aile menée par son vice-président Michal Hašek qui soutient ouvertement les démarches du président Miloš Zeman. Néanmoins, le président du ČSSD, Bohuslav Sobotka, refuse toute discorde au moment du vote :

« Il est improbable que la social-démocratie se fractionne. Le parti se doit d’adopter une position commune comme lors du récent vote sur la dissolution de la Chambre des députés. Personnellement, je respecterai la décision de la majorité du parti quelle qu’elle soit et j’attends la même attitude des autres députés sociaux-démocrates. »

David Rath,  photo: Filip Jandourek
Même avec l’appui des partis de gauche, couplé au probable soutien des Affaires publiques, petite formation de l’ancienne opposition au gouvernement de Petr Nečas, le gouvernement d’experts ne dispose pas encore d’un soutien suffisant pour obtenir la confiance. Si la Constitution exige une majorité simple, soit un total d’au moins 101 voix, Jiří Rusnok espère que l’absence de certains députés pourrait diminuer le quorum. Deux membres de la Chambre basse actuellement en détention ne seront ainsi pas présents mercredi. C’est le cas notamment de David Rath, le député et ancien préfet de la région de Bohême centrale, accusé de corruption et de manipulation d’appels d’offres. S’il n’a pas pu participer au vote sur la dissolution de la Chambre en juillet, son absence permettra de diminuer le quorum lors du vote de confiance de ce mercredi.

Pour que les quatre-vingt-dix-sept voix sur lesquelles compte Jiří Rusnok soient suffisantes, plusieurs autres députés devront également s’absenter ou, bien entendu, soutenir eux aussi par leur vote le gouvernement intérimaire. Selon Martin Kuba, président du Parti civique démocrate (ODS), principale formation de l’ancienne coalition gouvernementale, un tel cas de figure relève cependant de la science-fiction :

Martin Kuba,  photo: Filip Jandourek
« Il est inimaginable pour moi que certains députés de l’ODS puissent s’abstenir lors du vote de confiance. Je crois qu’il existe certains moments et votes-clés dans la vie politique, parce qu’ils font appel directement aux idées et à la conscience des députés. Je trouve que le vote du mercredi fait partie de ces moments-là. Il est nécessaire que les députés ODS défendent les idées pour lesquelles ils se sont portés candidats lors des dernières élections. »

Si certains préfèrent parler de « voix constructives », l’appellation de« déserteurs politiques » est désormais bien établie sur la scène politique tchèque. En 2007, deux députés sociaux-démocrates avaient ainsi soutenu le cabinet ODS de Miroslav Topolánek, et ce suite à une intervention d’un certain Miloš Zeman. Une réalité qui laisse planer un certain doute sur l’issue du vote de mercredi, même si les trois partis de l’ancienne coalition gouvernementale de droite assurent du contraire en affirmant disposer d’une majorité de 101 voix.