Le gouvernement met en place des mesures d’économie « peu populaires, mais indispensables », selon le Premier ministre

Petr Fiala

Le 11 mai dernier, le gouvernement tchèque annonçait son vaste plan d’assainissement des finances publiques, qui vise à réduire le déficit du budget de l’État de près de 150 milliards de couronnes en 2024 et 2025. Pour atteindre cet objectif, le cabinet entend, entre autres, augmenter l’impôt sur le revenu des sociétés, les taxes à la consommation sur le tabac et l’alcool ainsi que la taxe foncière et les prélèvements pour les entrepreneurs, ou encore réinstaurer l’assurance maladie pour les salariés.

Ce lundi, le Premier ministre Petr Fiala, leader du parti conservateur ODS, une des cinq formations de la coalition gouvernementale, a expliqué la nécessité de ces mesures d’économie aux auditeurs de la Radio publique tchèque.

Le chef du gouvernement a d’abord dit ne pas être surpris des nombreuses critiques que ce « plan de consolidation budgétaire » a soulevées dans la société tchèque :

« Je ne m’attendais certainement pas à ce que le gouvernement soit applaudi. Ces décisions ont été difficiles à prendre, elles sont certes impopulaires, car elles toucheront une part importante de la population, mais elles sont nécessaires. Sans ces mesures, la République tchèque se trouverait en grandes difficultés et ne serait plus en mesure de freiner l’endettement et de stabiliser ses finances publiques. »

« Nous avons toutefois essayé de procéder de manière à répartir la charge. Nous réalisons davantage d’économies du côté de l'État. Les mesures proposées concernent pour un tiers les recettes et pour deux tiers les dépenses. Si nous n’avions rien fait, le déficit aurait été supérieur de 94 milliards de couronnes l’année prochaine, voire de 148 milliards en 2025. »

« Ce qui est important à mes yeux, c’est que de nombreux experts et économistes affirment, comme nous, que ce plan d’austérité est indispensable. Certains d’entre eux ont des objections et pensent que certaines choses pourraient être modifiées, mais sur le principe, nous sommes tous d’accord. »

Photo illustrative: s_30,  Pixabay,  Pixabay License

Critiquant vivement le plan gouvernemental d’assainissement des finances publiques, la Confédération des syndicats de Bohême et de Moravie affirme que le budget annuel d’une famille moyenne avec un enfant sera, par conséquent, réduit de 152 800 couronnes : un chiffre toutefois exagéré selon le gouvernement et certains économistes. Petr Fiala explique :

« Le gouvernement essaie de faire en sorte que l’impact du plan d’économies sur les groupes sociaux les plus vulnérables soit le moindre possible. C'est pourquoi, par exemple, la réduction de la TVA devrait rendre les produits alimentaires et autres moins chers. Je répète que la charge sera répartie entre l’État et les citoyens : à titre d’exemple, nous voulons économiser 20 milliards de couronnes rien que sur l’administration de l’État. De plus, nous voulons réduire les subventions versées aux entreprises, qui ne remplissent plus leur objectif initial. Il ne s’agit pas d’aller collecter plus d’argent auprès des citoyens et des entreprises. Nous voulons simplement économiser plus d’argent. »

Le Premier ministre est revenu sur une des décisions du gouvernement particulièrement commentées, celle de ne pas soumettre à accise les vins tranquilles :

Photo illustrative: Radio Prague Int.

« Les vins tranquilles sont taxés au taux de base de la TVA, tout comme la bière. Ce qui est différent par rapport aux autres boissons alcoolisées, c’est la taxe sur la consommation sur les vins tranquilles qui affiche, traditionnellement, un taux zéro en Tchéquie. C’est la pratique de la plupart des pays européens qui ont leur propre production de vin, dont les pays de notre région avec lesquels les viticulteurs tchèques sont en concurrence, à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, ainsi que la Hongrie. »

Quant à une des autres mesures qui suscite des interrogations, à savoir la hausse de la TVA sur la presse quotidienne qui devrait passer de 10 à 21%, Petr Fiala ne partage pas les craintes que cette augmentation puisse menacer, entre autres, la presse régionale non commerciale :

« Nous sommes partis de l’idée que tout est soumis au taux de TVA de base et qu’il n’y a de taux réduit que lorsqu’il y a une raison - sociale ou autre. Nous avons trouvé cette raison dans le cas des magazines, même si, bien sûr, tous les magazines n’ont pas la même importance. (…)  En ce qui concerne les journaux, nous ne sommes pas parvenus à un accord sur la nécessité d’un taux réduit. Je ne suis pas convaincu que cela menacerait qui que ce soit en termes de liberté d’expression et de diffusion de l’information. Sous notre gouvernement, la liberté des médias a été renforcée, comme le montrent des études internationales, et je pense que les gens ont suffisamment d’occasions d’obtenir des informations. »

« En plus, il s’agit là d’une augmentation du prix des quotidiens de, disons, 1,50 couronnes si nous calculons la hausse de la TVA sur le prix des journaux que les gens achètent réellement », a constaté le chef du gouvernement Petr Fiala en rappelant, au micro de la Radio tchèque, que les produits alimentaires, les travaux de construction liés à l’acquisition d’un logement privé et les médicaments par exemple bénéficieront d’un taux de TVA réduit, fixé désormais à 12%.