Le guitariste mythique, Radim Hladík, s’est éteint

Radim Hladík, photo: Milan Mošna, ČRo

L’un des plus brillants guitaristes de sa génération, le musicien Radim Hladík, s’est éteint à l’âge de 69 ans le 4 décembre 2016. Grâce à son impressionnante et inimitable façon de jouer, il a été considéré dès la fin des années 1960 comme le roi de la guitare électrique. Radio Prague a voulu rendre hommage à ce musicien innovateur hors normes, qui a révolutionné le rock tchèque à sa manière.

Radim Hladík, la clé de voûte du groupe Blue Effect

Radim Hladík,  photo: Milan Mošna,  ČRo
Né en 1946 à Prague, Radim Hladík, qui s’est initié à la musique par le biais du piano, s’est très vite passionné de guitare, ce qui n’était pas du goût de ses parents. Malgré cela, et sa passion grandissante envers cet instrument, il a tout d’abord commencé sa carrière de guitariste au sein du groupe Komety dans les années 1960, et l’a poursuivie avec le légendaire groupe de beat The Matadors, suivant un ‘rythm and blues’ prononcé. Mais c’est au sein du groupe Blue Effect, formé en 1968 aux côtés des musiciens Vladimír Mišík, Jiří Kozel et Vlado Čech, que Radim Hladík a trouvé sa place dans une atmosphère très rock et blues rock.

Le groupe a été baptisé du nom de Blue Effect, en référence à ce que l’on appelait pendant le communisme, le « livre bleu », la « modrá knížka », dont l’obtention faisait éviter le service militaire obligatoire. Le groupe se fait remarquer par le public dès ses débuts : à l’occasion de la deuxième édition du Festival de musique beat au mois de décembre 1968, Blue Effect est sacré groupe de l’année et Radim Hladík est désigné musicien de l’année. Néanmoins, face à un régime communiste de plus en plus oppressant, le groupe se voit obliger de changer son nom en nom tchèque, et devient alors « Modrý efekt » ou « M. Efekt ».

Photo: Supraphon
Les musiciens sortent un premier album en 1970 intitulé « Meditace » (« Méditation »), qui donnera naissance à un de leurs plus grands tubes, « Sluneční hrob » (« Tombe solaire »). Néanmoins les textes de ce premier album, écrits par le musicien Jaroslav Hutka, se sont heurtés à la censure de l’époque et ont dû être réécrits par Zdeněk Rytíř. Le groupe y avait notamment composé des chansons, dont les textes étaient écrits en anglais. Après le départ précipité de Vladimír Mišík au début des années 1970, Radim Hladík devient alors leader du groupe et signe la plupart des compositions musicales.

« Je m’endors et je voudrais revenir
quelques années en arrière,
pouvoir être un petit garçon de nouveau,
qui aime jouer et qui est avec toi. Cela fait des années, que j’ai l’impression,
que j’étais un petit garçon,
qui voulait connaître le monde, qui jouait avec toi. Je reviendrai et je voudrais
être avec toi, se souvenir,
Mais j’ai une mauvaise nouvelle. De la terre sèche,
sans fleurs, sans eau,
je me mets à genoux,
c’est par un souvenir que l’hommage est rendu. »

Un artiste qui va profondément manquer

Photo: Bonton
Avec le groupe Blue effect, Radim Hladík s’est imposé comme un guitariste hors normes, passant par divers genres musicaux, tout en les combinant. Il est le premier guitariste tchèque à avoir expérimenté avec différents sons et techniques électriques, en utilisant notamment la pédale wah-wah, et à faire différents tours sur scène afin d’épater son public. Le second album intitulé « Coniunctio » (1970), orienté davantage vers du jazz rock, verra le jour en collaboration avec le groupe Jazz Q, tandis que les albums « Nová syntéza » (« Nouvelle synthèse », 1971) et « Nová syntéza 2 » (1974) seront enregistrés aux côtés de l’Orchestre de jazz de la radio tchécoslovaque.

Après la parution de quatre autres albums, Blue Effect, qui ne se présentait plus que très rarement sur scène, met fin à l’aventure en 1990. Mais dès 2004, Radim Hladík, relance le groupe aux côtés de musiciens plus jeunes. Le guitariste collaborait continuellement avec des musiciens jouant d’autres genres, comme avec la chansonnière folk Dagmar Andrtová-Voňková. Qualifié par la critique de « guitariste pouvant jouer n’importe quoi et pouvant s’adapter au jeu de n’importe quel musicien », Radim Hladík composait également la musique pour le théâtre Laterna magika (la Lanterne magique) ou pour les pièces de théâtre présentées à la radio, et produisait, aux côtés de sa femme, les albums de nouvelles révélations musicales.

Radim Hladík,  photo: ČTK
Malgré sa maladie, la fibrose pulmonaire, diagnostiquée depuis quelques années, Radim Hladík continuait de se produire inlassablement sur scène avec la nouvelle composition de Blue Effect. Pour la dernière fois, cela a été sur l’île Střelecký ostrov à Prague le 14 septembre 2016. Inscrit sur la liste d’attente d’une greffe de poumons, se produire devant un public est devenu de plus en plus éprouvant. Néanmoins, cela ne l’a pas plié.

Récemment, il terminait la production du prochain album de Jaroslav Hutka et voulait notamment composer la bande originale du nouveau film de Vladimír Michálek. Il n’en a pas eu le temps. Une des plus grandes figures de la scène de rock alternatif, s’est éteinte le 4 décembre 2016, quelques jours seulement avant son 70e anniversaire. Coup dur pour la scène musicale du pays, elle rend hommage à ce guitariste exceptionnel, dont le vide ne pourra être comblé. Avec la disparition de Radim Hladík, un important chapitre de l’histoire de la musique du pays s’est refermé.