Le manifeste « Deux mille mots »
Il y a tout juste 40 ans, paraissait le texte le plus connu du Printemps de Prague, le manifeste « Deux mille mots », qui mobilisaient la société civique face à la pression croissante de la direction soviétique sur le renversement du processus du renouveau en Tchécoslovaquie.
A la récente conférence consacrée au 40e anniversaire du Printemps de Prague, l’auteur du manifeste, Ludvík Vaculík, a rappelé que « Deux mille mots » voulait exprimer qu’il y a eu un véritable mouvement civique en Tchécoslovaquie, au printemps 68. Il devait exprimer également un soutien au gouvernement, avec une seule limitation – qu’il respectera le mandat qui lui avait été donné et qu’il accomplira les espoirs en un changement. « Deux mille mots » est paru au moment où, des pressions et des menaces venant de Moscou prenaient de l’ampleur et où les tendances d’abandonner le processus de démocratisation commençaient à se manifester également au sein du parti.
« Deux mille mots » était un appel à l’édification d’une société civique, chose impensable à l’époque. Pour cette raison, il était mal vu par les dirigeants communistes qui ont eu du mal à digérer aussi que le texte ait été rédigé à leur insu et que la vague de soutien qu’il a déclenché était sans précédent. Pour la direction soviétique à Moscou, « Deux mille mots » était une preuve de ce que les communistes à Prague n’avaient pas assumé leur rôle. Leonid Brejnev a qualifié le manifeste de tentative de contre-révolution.
Comme le rappelle Marie Vaculikova, épouse de l’auteur de « Deux Mille mots », dans l’édition de ce vendredi du quotidien Mladá Fronta dnes, l’un de ceux où le texte est paru, il y a 40 ans, à ceux qui lui demandaient s’il n’avait pas regretté d’avoir rédigé le manifeste, vu l’interdiction de publier, et s’il n’avait pas changé quelque chose au texte, son mari a toujours répondu par la négative.