Le marché du livre tchèque - hier et aujourd'hui

Le Monde du livre

Que faut-il faire pour vivre heureux ? Ne pas courir après le profit. Ralentir. Avoir des enfants. Et... lire, conseille le philosophe britannique, Roger Scruton. Et alors, lit-on en République tchèque ? Une question qui vient à l'esprit ce 23 avril, célébré comme Journée mondiale du livre, et à la veille de l'ouverture, à Prague, du Salon du livre.

Commençons par quelques chiffres : la République tchèque compte plus d'un millier de maisons d'édition. Chaque année, elles inondent les librairies avec pas moins de 14 000 ouvrages. Le nombre de livres édités chaque année en Tchéquie ne cesse, paraît-il, d'augmenter. Et les Tchèques, lisent-ils plus qu'auparavant ? Difficile à dire... Les résultats d'un sondage, effectué l'année dernière par l'agence Market & Media & Lifestyle, sont presque honteux... La majorité des personnes questionnées (26%) ne possédaient qu'entre 50 et 100 livres !... Heureusement, la réalité quotidienne offre une image beaucoup plus optimiste : des librairies, spécialisées ou pas, des cafés littéraires et des bibliothèques modernisées, vous en trouverez aussi facilement que des bistrots et des fast-foods, que vous soyez à Prague, à Plzen ou à Ostrava. Et puis, le meilleur cadeau de Noël ou d'anniversaire reste, pour la plupart des Tchèques... un bon bouquin. Ça commence dès l'enfance, car n'oublions pas que nous sommes dans un pays de grands illustrateurs...

Sur le marché du livre, bien des choses ont changé après la Révolution de 1989. Sous le communisme, les passionnés de la littérature étaient habitués à faire, chaque semaine, la queue devant les librairies, pour avoir un titre convoité. Les belles-lettres étaient une arme puissante des opposants au régime. Les lecteurs le savaient, ils aimaient chercher des indices dans les textes, lire entre les lignes... Aujourd'hui, alors que la littérature est libre, indépendante de la politique, il semble que la société ne sache pas très bien que faire avec, quel rôle lui attribuer..., constate, dans la presse, Ivan Binar, président de l'Association des écrivains. Et il se met à énumérer les dangers qui guettent, dans la Tchéquie d'aujourd'hui, la littérature : le désintérêt des médias, l'absence de bons critiques, de mécènes littéraires. Comme si, avec l'arrivée euphorique de l'économie de marché, la jeune démocratie tchèque avait oublié que le livre n'est pas un produit, mais une valeur.

Auteur: Magdalena Segertová
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