Le marché immoblier tchèque est un des moins abordables en Europe

Central Park à Prague - Žižkov

Ce n’est pas une nouveauté, mais les derniers chiffres confirment le constat : la Tchéquie demeure un des pays en Europe où accéder à la propriété d’un appartement neuf est le plus difficile, ou en tout cas coûte le plus cher par rapport au niveau de rémunération.

En moyenne, 13,3 années de salaires bruts sont nécessaires avant de pouvoir acheter un logement de 70 mètres carrés, et ce, selon la dernière étude Property Index menée par la société de conseil Deloitte, qui offre un panorama du marché résidentiel européen en comparant les prix des surfaces immobilières dans plusieurs pays et villes en Europe. C’est donc près de trois fois plus qu’au Danemark (4,7 années) et en Norvège (4,8), qui figurent aux deux dernières places d’un classement dans lequel figurent dix-huit pays pour 2024.

Après Amsterdam (15,1), Prague est aussi la deuxième ville où l’accès à la propriété est le plus difficile, puisque 13,5 années de salaires y sont nécessaires. Un chiffre identique à celui de Bratislava, capitale de la Slovaquie.

En Tchéquie, le prix moyen des appartements neufs a augmenté d'un peu plus de 9 % en glissement annuel pour atteindre 4 112 euros par mètre carré, tandis que les crédits immobiliers y sont les cinquièmes les plus élevés en Europe.

Par rapport au niveau des salaires, les pays les plus abordables pour l’achat d’un nouveau logement sont le Danemark, la Norvège, l’Italie et la Roumanie. Les habitants de Rome et Oslo, suivis de ceux de Zagreb, Varsovie, Copenhague et Ljubljana apparaissent, eux, comme les mieux lotis - au propre comme au figuré -, ne serait-ce qu’en termes d’accessibilité.

La situation est tout aussi compliquée sur le marché du locatif, les prix des loyers ayant presque doublé entre 2005 et 2020, ce qui fait de la Tchéquie l’un des pays les moins abordables en Europe. Économiste en chef chez GLOBSEC, une ONG basée à Bratislava, Vladimír Vaňo a expliqué, à nos collègues de la rédaction anglophone, quels étaient les facteurs contribuant à cette hausse des prix :

Vladimír Vaňo | Photo: GLOBSEC

« Je diviserais cette question en facteurs à long terme et en facteurs à court terme. Les facteurs à court terme sont que les coûts de construction ont augmenté en raison du choc sur les matières premières suite à l’invasion de l’Ukraine. Parallèlement à cela, en raison de l’inflation, la Banque nationale tchèque a resserré sa politique monétaire, ce qui a entraîné une hausse des taux d’intérêt, puis une augmentation des taux des prêts immobiliers, rendant ainsi ceux-ci moins abordables. »

« Quant au long terme, la Tchéquie est l’un des pays où le logement est le moins abordable, selon l’indice d’accessibilité dans les pays développés. Lorsque nous regardons les statistiques, nous constatons que les loyers en Tchéquie ont augmenté de près de 100 % entre 2005 et 2020, ce qui représente - parmi les pays de l’OCDE - la cinquième croissance la plus rapide, devant des pays comme la Hongrie, la Pologne ou la Slovaquie. »

Vladimír Vaňo explique aussi quelle pourrait être, selon lui, l’évolution de la situation dans les prochaines années en Tchéquie si les tendances actuelles se poursuivent :

Photo illustrative: nattanan23,  Pixabay,  Pixabay License

« Ce qui est nécessaire, à mon avis, c’est une reconfiguration de la conception du logement locatif, y compris le logement locatif public, et sur ce point, Vienne peut servir de modèle. La capitale autrichienne est le plus grand propriétaire de logements en Europe, elle investit massivement pour proposer des appartements à loyer modéré à des dizaines de milliers de ses habitants. »

« Si l’on regarde la disponibilité et l’offre de nouveaux logements qui soutiennent les marchés locatifs, à court terme, c’est l’initiative la plus importante. Et nous voyons ici que le ministère du Travail et des Affaires sociales, en collaboration avec le ministère du Développement régional, examine la loi sur l’aide au logement, qui vise à augmenter la disponibilité de logements et à fournir une assistance aux personnes en situation d’urgence et également à réduire les formalités administratives, à faciliter l’obtention de permis, la construction de nouveaux appartements et les initiatives de logement social. »

Prague apparaît en 24e position sur près de soixante grandes villes européennes étudiées en termes de logements locatifs. Selon les données de Deloitte, le loyer mensuel moyen d’un appartement neuf dans la capitale tchèque est passé d'un montant moyen de 14,4 euros par mètre carré à 15,9 euros en l'espace d'un an.

Auteurs: Guillaume Narguet , Jakub Ferenčík
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