Le ministère de l'Intérieur contraint de corriger la liste des agents de la StB

La Cour supérieure de Prague a ordonné au ministère de l'Intérieur de rayer un nom sur la liste des agents de l'ancienne police secrète du régime communiste, la StB.

C'est un précédent en République tchèque. Depuis la publication de la liste officielle des collaborateurs de la StB, accessible sur le site internet du ministère de l'Intérieur, aucun nom n'avait jusqu'alors été effacé. Des dizaines de personnes ont pourtant poursuivi le ministère en justice en contestant leur collaboration avec la police secrète tchécoslovaque. Nombre d'entre eux ont du se satisfaire d'une petite astérisque devant leur nom signalant que leur présence sur cette liste était injustifiée. Jan Vanecek est le premier à obtenir gain de cause. "Son nom a été enlevé de la liste, notamment car sa signature au bas du serment de collaboration avec la StB est fausse", a indiqué la juge Zdenka Feresova, qui a ajouté que "la mention du nom d'une personne innocente sur des listes publiques portait atteinte à ses droits fondamentaux". Ce verdict ne plaît guère aux historiens, qui craignent de voir des milliers d'anciens agents rayés de la liste de manière injustifiée. Le ministère de l'Intérieur a, quant à lui, fait appel de cette décision devant la Cour suprême. Dans le cas où la plus haute juridiction tchèque refuserait de la confirmer, Jan Vanecek a déjà indiqué qu'il était prêt à porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg.

Selon Prokop Tomek, du Bureau de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme, les listes ne peuvent être simplement modifiées: "Il s'agit de documents historiques. Il faudrait éventuellement envisager de créer une nouvelle base de données, avec un fichier qui soit entièrement vérifié. Mais il ne faut pas que les listes établies par les historiens et que possède le ministère de l'Intérieur soient confondues avec des listes corrigées par la suite. Il faudra bien faire la distinction."