Le Ministère des Finances s'attaque aux banques et à leurs tarifs trop élevés

Le ministre des Finances Bohuslav Sobotka
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C'est peut-être une bonne nouvelle en perspective pour les clients des banques tchèques : le ministère des Finances prépare des mesures relativement sévères afin de faire baisser les commissions et élargir la concurrence entre tous les établissements bancaires du pays.

Le mois dernier, l'office tchèque de la concurrence (UOHS) a lancé une enquête sur les tarifs élevés des trois principales banques tchèques, soupçonnées d'entente illégale. Les trois banques concernées sont Ceska sporitelna (groupe Erste Bank), Komercni banka (groupe Société générale) et Ceskoslovenska obchodni banka ( KBC Group).

En attendant le résultat de cette enquête, selon le ministre des Finances, Bohuslav Sobotka, l'ensemble des mesures qu'il propose permettront non seulement de faire baisser le prix des commissions mais aussi de faciliter le passage d'une banque à une autre, notamment en permettant de conserver son numéro de compte:

« Nous pensons également que ces mesures vont permettre de favoriser la croissance économique, parce que cela va faire baisser les coûts administratifs et les coûts de transactions pour les entreprises. »

Parmi les mesures avancées par Bohuslav Sobotka, la fin des commissions lors des fermetures de compte et l'accélération de ce processus de fermeture, notamment. D'autre part, le ministre souhaite que l'information sur les tarifs pratiqués soit accessible à tous pour pouvoir être aisément comparables. Enfin, certaines administrations publiques pourraient être dispensées de certains frais bancaires. En soumettant de telles propositions, Bohuslav Sobotka sait qu'il va provoquer de nombreuses réactions :

« J'aimerais initier la débat également au niveau des commissions budgétaires de la Chambre des députés et du Sénat, car il est très important que le législateur puisse discuter de cette initiative avant qu'elle ne soit acceptée par le gouvernement. »

Avant que ces propositions ne soient discutées aux niveaux parlementaire et gouvernementale, les déclarations de Sobotka ont en tout cas déjà provoqué de nombreuses réactions dans la presse et surtout chez les banquiers.

Car si les médias tchèques accusent régulièrement les banques du pays de faire payer à leurs clients des commissions plus élevées qu'en Europe de l'Ouest, on reproche aujourd'hui au ministre de se servir d'arguments démagogiques pour faire passer en douce quelques mesures « absurdes ». C'est en tout cas le qualificatif employé dans un éditorial de vendredi du quotidien Hospodarske noviny, qui s'offusque des propositions concernant la limitation des frais pour les administrations ou celles qui visent à faire en sorte que tous les produits et services portent le même nom : « Pourquoi ne pas appeler toutes les banques 'Banque' et tous les partis politiques 'Parti' », s'indigne l'éditorialiste en se référant à une période pas si lointaine.

Pour les banques tchèques, l'attaque lancée par ministère est un coup bas motivé par des enjeux électoraux. L'une des trois principales banques du pays, la Ceska Sporitelna, ne rejette pas le débat mais souhaite que soit créé un groupe de travail au sein duquel toutes les parties seraient représentées. On écoute la porte-parole, Klara Gajduskova :

« Nous sommes de l'avis que notre pays a deux options. Soit nous continuons à avoir peur de l'économie de marché et à proposer des moyens juridiques de le réguler ou alors nous pouvons nous réunir pour essayer d'améliorer le système et mettre fin aux accusations dont nous faisons l'objet, joindre nos efforts pour améliorer ensemble notre secteur bancaire. »

Améliorer et renforcer le secteur bancaire, c'est également le souhait des responsables de la Komercni Banka, à qui les propositions du ministre paraissent, au moins en partie, acceptables. André Léger est le directeur marketing de cette filiale du groupe Société générale :

« La Komercni banka (KB) a bien sûr regarder avec attention du ministère des Finances. Sur beaucoup de points, cela nous apparaît plutôt raisonnable, d'autant que dans la plupart des cas la KB applique déjà certaines de ces dispositions.

Nous avons besoin d'avoir un système bancaire solide, et à cette fin il faut avoir des banques profitables. On a vu il y a deux ans avec la déconfiture de l'Union banka que c'était quelque chose qui pouvait encore se produire dans le pays. On est encore dans un système jeune et fragile qu'on ne consolidera pas en prenant un peu les banques en otage en période préélectorale. »