Le ministère veut mettre fin aux licenciements des enseignants pendant les grandes vacances
Mercredi, le gouvernement a approuvé à l’unanimité le projet de loi visant à éradiquer la pratique en cours depuis de nombreuses années dans certaines écoles tchèques qui consiste à licencier les enseignants pour la période des deux mois de vacances durant l’été avant de les réembaucher à la rentrée en septembre, et ce afin de faire des économies.
« L’enseignant est au chômage pendant deux mois ou doit chercher un autre emploi, ce qui, en soi, est déjà une perte de prestige inacceptable. L’été, certains sont contraints de dépaqueter les marchandises dans des supermarchés avant, en septembre, de reprendre leurs cours. En outre, un contrat à durée déterminée de dix mois ne permet pas aux enseignants de demander un emprunt la banque ou d’obtenir un prêt immobilier. »
Selon le projet ministériel, la durée du contrat ne pourra pas être inférieure à douze mois et les CDD ne pourront plus être renouvelés plus de trois fois. Au-delà de cette règle, le texte tient compte cependant de cas de figure exceptionnels :
« Après un accord avec les syndicats et les représentants des directeurs des écoles, nous avons introduit quelques exceptions aux nouvelles règles. Si dans le courant de l’année scolaire, un employé se retrouve en long arrêt maladie, un remplaçant pourra être embauché pour une période inférieure à douze mois. Il en va de même pour les départs en congé parental. Enfin, si un enseignant n’a pas la qualification pédagogique requise par la loi, le directeur peut l’employer pour une durée déterminée qui lui laissera le temps de trouver un enseignant qualifié pour remplacer le non qualifié. »Président de l’Union syndicale de l’enseignement, František Dobšík salue ce projet :
« Je pense que l’initiative du ministre permettra de protéger les enseignants de cette pratique peu éthique des directeurs des écoles. Car même si nous n’avons pas de statistiques exactes sur son ampleur, c’est un vrai problème. Certains enseignants n’osent pas en parler car ils ont peur que leur contrat ne soit pas renouvelé. »
En revanche, l’idée indifférencie la présidente de l’Association des directeurs des écoles primaires. Hana Stýblová nuance même l’étendue du problème :« Je pense qu’il ne s’agit pas là d’une pratique courante. Il faut tenir compte du fait que c’est le directeur de l’école qui est responsable de la qualité de l’enseignement que propose son établissement. Il faut donc lui laisser une marge de manœuvre suffisante pour qu’il puisse diriger son école comme il l’entend et le Code du travail garantit une protection tout à fait suffisante aux enseignants. Pour nous, en tant qu’association, ce problème des licenciements estivaux n’est pas fondamental. Nous n’y avons jamais été directement confrontés et c’est pourquoi nous ne commenterons pas ce projet de loi. »
Spécialiste de l’éducation au sein d’EDUin, une organisation qui examine l’évolution du système éducatif, Tomáš Feřtek complète ce panorama :
« Le licenciement des enseignants des école primaires et secondaires est immoral. Les pédagogues dans les petites communes sont les principaux concernés. C’est contraire à l’essence de leur profession Même si cette pratique se limite à des cas isolés, elle devient, grâce à l’initiative du ministre de l’Education, un thème du débat public et peut servir à mobiliser les parents des élèves. En cas de besoin, ceux-ci auront un moyen de pression sur la direction de l’école afin d’empêcher cette pratique. Le ministre peut lancer le débat et procéder à des modifications législatives, mais ce n’est pas lui qui peut révoquer les directeurs des écoles, car ce sont les communes qui gèrent les écoles. Le ministre ne peut donc pas faire beaucoup plus. »Selon les prévisions de Marcel Chládek, la nouvelle loi devrait pouvoir être appliquée sur les contrats enseignants dès la rentrée prochaine en septembre.