Le ministre de la Santé sur la voie d'une profonde réforme
La réforme de la santé publique, préconisée depuis longtemps de part et d'autre du spectre politique tchèque, pourrait bien démarrer avec le nouveau ministre Tomas Julinek. C'est, du moins, ce qu'il a laissé entendre, lors d'une récente conférence de presse.
Dans ce qu'on pourrait appeler un brouillon de réforme de la Santé, les médias mettent surtout en évidence une petite révolution qui touche le simple citoyen : il devrait payer des frais de consultation d'un médecin, d'ordonnance médicale, de journée d'hôpital et de soins de premier secours. Le prix ? Vingt couronnes l'ordonnance (un peu moins d'un euro), cinquante couronnes pour les autres services. Pourquoi instituer ces paiements, alors que tous les citoyens sont tenus, selon la loi, de payer une assurance maladie ? D'après le ministre de la Santé, Tomas Julinek, cela limiterait les dépenses inutiles et les consultations médicales superflues, remboursées par les compagnies d'assurance maladie. Pas question, selon lui de ne pas faire payer les retraités. Par contre, les enfants qui sont le plus souvent accompagnés par leurs parents, et qui ne consultent pas un médecins inutilement en général, pourraient ne pas payer. Pourtant, avant de faire payer les citoyens, le ministre compte réaliser une réforme radicale du système. Il planifie de transformer les compagnies d'assurance maladie en sociétés par actions pour faire jouer la concurrence entre elles, de créer une institution publique qui contrôlerait leurs activités et de préparer une loi unifiée sur ces institutions. Le ministre compte aussi abolir la loi sur les hôpitaux non lucratifs, une loi adoptée sur l'initiative de son prédécesseur David Rath. Tomas Julinek la qualifie de « bâtard » juridique qui a nécessité la création d'un registre spécial au ministère, registre toujours vide, car aucun hôpital ne s'y est enregistré. Cependant, le ministère de la Santé participera à l'élaboration d'une nouvelle loi sur les organisations non lucratives qui concernera les écoles, les établissements sociaux, mais aussi les hôpitaux. Tomas Julinek compte également s'attaquer au problème des services d'urgence et, pour cela élaborer une nouvelle loi. Elle ordonnerait, par exemple, le mode de financement, mais aussi le délai maximum de l'arrivée d'une ambulance sur le lieu d'intervention. Les services d'urgence seraient pour une telle loi, surtout en ce qui concerne leur financement, affirme le directeur du Samu d'Olomouc, Ivo Mares :
« Actuellement, les compagnies d'assurance maladie financent le tiers des frais des services d'urgence, les deux autres tiers sont financés par l'administrateur. Un changement serait le bienvenu pour ce dernier qui est la région. »
Un changement bienvenu en effet, car les régions ne veulent pas financer des services d'urgence coûteux dans des coins retirés où le Samu n'intervient qu'une ou deux fois par jour. L'opposition social-démocrate serait pour l'introduction de certains paiements par les patients, qui devraient être accompagnés de subventions aux couches sociales les plus faibles, mais absolument contre la transformation des hôpitaux en sociétés par actions, qualifiée de « pillage » du bien public.