Le ministre Leoš Heger s’attaque à la réforme de la santé

Leoš Heger, photo: Filip Jandourek, ČRo

Leoš Heger vient de poser la dernière pierre à l’édifice de sa carrière de ministre de la santé en achevant son projet de réforme du système de santé tchèque. Dans ce texte, qui sera examiné dès le mois prochain, le ministre demande notamment la suppression de la taxe d’hôpital pour les enfants et celle du remboursement des plombages ordinaires.

Leoš Heger,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
A la Télévision tchèque, on parle déjà de la plus grande réforme du système de santé de ces cinq dernières années. Et en effet c’est à un véritable pavé médical que le ministre de la santé Leoš Heger vient d’apposer le point final. Tout y passe : des taxes versées à l’hôpital lors des prises en charge des patients jusqu’à la récompense des patients les plus disciplinés en matière de visites préventives. Une réforme difficile à préparer et qui fait face à de nombreuses critiques de tous les bords politiques. Le ministre issu du parti conservateur TOP 09, deuxième parti de la coalition gouvernementale, semble satisfait de ce travail de compromis. Il en parlait dimanche à la Télévision tchèque :

« Réformer le système de santé signifie forcément entendre des voix pour et des voix contre. Nous avons préparé la réforme que nous présentons maintenant étape par étape. Evidemment nous avons eu de fortes critiques de la part de l’opposition. Au contraire, l’ODS nous reprochait de ne pas avoir fait cette réforme, mais quand nous voulons taxer les plombages en amalgame, ce qui est avant tout une mesure éducative pour notre population, il y a encore quelques personnes à qui ça ne plaît pas. Maintenant la réforme est tout juste équilibrée [entre les différentes positions] et j’espère que nous ferons passer ces mesures. »

Photo: Archives de Radio PRague
Les plombages, cheval de bataille de cette réforme, ne devraient donc plus être remboursés par la sécurité sociale tchèque. Ce sont les amalgames qui sont précisément concernés, car ce type de plombage ne contient pas du plomb, contrairement à ce que l’on pourrait croire, mais du mercure, qui présente un risque de toxicité. Il s’agirait donc d’encourager les patients à ne plus y avoir recours pour éviter d’éventuelles complications médicales, dangereuses autant pour la population que pour les finances de la Santé. Mais il semblerait que jusqu’à présent seul le parti TOP 09 soutienne cette proposition, son petit allié du LIDEM rejoignant sur ce sujet l’opposition. Pour faire passer la pilule, la réforme prévoit également la suppression des taxes d’hôpital pour les moins de 18 ans, une mesure à laquelle, cette fois-ci, tout le monde semble favorable. La question du coût d’une telle mesure n’inquiète d’ailleurs pas Leoš Heger :

« La taxation des plombages dentaires rapporterait environ un milliard et demi de couronnes au système et la supression des taxes pour les enfants serait un manque à gagner d’un dixième de cette somme. »

Troisième grande mesure phare de la réforme, la récompense des bons patients qui pourraient recevoir jusqu’à 1000 couronnes par an s’ils suivent avec assiduité leur programme de visites préventives et s’ils ne consultent un spécialiste qu’après avis de leur médecin généraliste. Une réforme du système d’assurance dont Leoš Heger est particulièrement fier :

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Si je peux ajouter encore une chose, il y a un point vraiment très positif que j’aimerais voir se réaliser, il s’agit d’un changement des assurances qui leur donnera la possibilité de planifier [leurs remboursements], notamment en ce qui concerne leurs malades de longue durée. Ce sera une proposition faite aux patients et s’ils donnent leur accord, ce sera librement. Ils auront la possibilité, s’ils suivent ces plans, de recevoir de leurs assurances un remboursement-bonus d’environ 1000 couronnes par an. Je pense que ce serait une énorme économie. »

Le gouvernement examinera ce vaste projet de réforme dès le mois de mai, et s’il n’y a pas de retard c’est la Chambre des députés qui l’examinera au mois de juin pour une application espérée en janvier 2014. Au vu des premières réactions des députés de chaque partie, le consensus est loin d’être acquis.