La Chambre des députés approuve la réforme du système de santé, les syndicats ne lâchent pas prise
Mardi, la Chambre des députés tchèques a approuvé la deuxième des trois parties de la réforme du système de santé publique. Très décriée par l’opposition, celle-ci est également rejetée par les syndicats qui l’ont fait savoir à haute voix plus tôt dans la journée.
Dagmar Žitníková, présidente du syndicat des soins médicaux et sociaux, s’expliquait sur cette action à la télévision publique tchèque, une action qui aurait rassemblé quelque 700 personnes :
« Nous voulions signaler au ministre de la Santé, comme nous le faisons d’ailleurs depuis longtemps, que ces réformes sont dangereuses. Nous avons présenté nos doutes quant aux principes qu’elles proposent. En ce qui concerne notre action ce mardi, un cortège doit suivre notre happening qui s’est déroulé dans une ambiance positive. Nous voulons signaler par l’humour l’existence d’un problème bien plus grave. »
Après un happening sur la place, lieu traditionnel de rassemblement et de manifestations, le cortège s’est déplacé en direction de la Chambre des députés où se déroulait justement le débat sur la deuxième partie de la réforme. Leoš Heger, le ministre de la Santé, défend les changements du système de santé publique :« Nous nous efforçons d’expliquer les principes de la réforme aux syndicats, mais aussi à l’opposition au sein de la Chambre des députés. Nous allons faire de même au Sénat. On agite l’épouvantail d’une médecine défavorable aux plus pauvres, mais ce n’est pas vrai. Nous pensons aux personnes défavorisées justement : nous souhaitons que les pratiques de bakchich disparaissent, il faut que les personnes aient la possibilité de payer plus s’ils le veulent et que d’un autre côté, il reste assez dans le fonds de l’assurance santé pour ceux qui n’ont pas les moyens de le faire. »
La réforme prévoit notamment l’introduction du système de soins supplémentaires, ainsi que l’augmentation des frais d’hospitalisation à la charge du patient. Tous ces changements doivent être introduits de manière progressive. Les syndicats sont soutenus par certaines organisations civiques, comme le Conseil des personnes handicapées. Son président, Václav Krása, estime que l’augmentation des frais hospitaliers de 60 à 100 couronnes par jour pénalisera en premier lieu les personnes nécessitant des soins hospitaliers de longue durée et qui ne parviendront pas à débourser 3 000 couronnes par mois et payer en plus leur logement.
Les nombreux changements prévus par la réforme, adoptée en première lecture, concernent aussi les médecins et les hôpitaux qui désormais pourront se voir infliger des amendes, s’ils ne respectent pas les droits des patients. La réforme prévoit également des changements en matière de services médicaux spéciaux : ainsi les secours d’urgence pourront désormais pénétrer de force dans un endroit, et la durée maximum d’intervention est fixée à 20 minutes. Eux aussi peuvent toutefois être sanctionnés s’ils dépassent cette durée, ce que déplorent les secours de régions montagneuses.La réforme du système de santé n’est de loin pas le seul point de divergence entre les syndicats avec la coalition gouvernementale. Face à la politique d’austérité de celle-ci et aux différents projets de réforme prévus, la grogne des syndicats tchèques s’est déjà exprimée le mois dernier, lors d’une grève générale des transports dans le pays. La contestation est relativement suivie dans un pays peu habitué aux mouvements de ce type.