Le monde universitaire se rebelle contre la réforme de l'enseignement supérieur

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Ce lundi commence la « Semaine de l’inquiétude », une semaine de protestation du monde universitaire contre le projet de réforme de l’enseignement supérieur qui doit être débattu par le gouvernement dans les prochaines semaines. Etudiants et professeurs s’insurgent contre ce qu’ils perçoivent comme un glissement de l’université vers une gestion d’entreprise.

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Le monde universitaire est en fusion. Que ce soit du côté des étudiants, comme de celui des professeurs, tous sont solidaires dans leur refus du projet de réforme de leur ministère de tutelle, comme le souligne Jiří Lach, recteur de l’Université Palacky à Olomouc :

« L’instauration de frais de scolarité est une menace pour la stabilité sociale et dans le cas de la nouvelle loi universitaire on y trouve plusieurs éléments dangereux qui peuvent mettre en danger les libertés de l’université. »

En effet, parmi les nouveautés que refuse le monde universitaire, l’augmentation des frais d’inscription à l’université, la baisse du nombre de représentants étudiants au sein des Sénats académiques, le rapprochement des universités du monde de l’entreprise.

Jan Gruber est le porte-parole de l’initiative Pour des universités libres :

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« Nous sommes persuadés que la forme de direction prévue, de type managériale, va conduire à une limitation du caractère autonome des universités. Des conseils universitaires devraient être ainsi créés dont les compétences seraient les mêmes que celles qu’on actuellement les sénats académiques. Or nous craignons que soient nommés au sein de ces conseils des hommes politiques… »

Dès dimanche, un grand débat au théâtre Komedie à Prague, a donné le coup d’envoi de la Semaine de l’inquiétude, semaine de protestation organisée par le monde universitaire. Jusqu’à vendredi, de nombreux événements, projections, happenings, discussions, concerts doivent se dérouler en soutien au mouvement de protestation. En effet, de nombreux acteurs de la scène culturelle tchèque se sont joints à la vague de mécontentement. Jan Gruber détaille le programme de la semaine alors que 18 universités privées et publiques participent aux protestations :

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« Les étudiants de la plupart des grandes universités du pays devraient participer à la Semaine de l’inquiétude. Evidemment, c’est à Prague que le programme sera le plus riche. Mais d’autres villes comme Brno, Opava, Ostrava, Olomouc etc. participent. Le programme va se concentrer essentiellement mardi, pendant la ‘Nuit des universités’, organisée par tous les sénats académiques des différentes écoles. Cet événement a pour but d’ouvrir les universités au grand public avec des conférences, des concerts, des spectacles de théâtre. »

En attendant, côté ministère de l’Education, Josef Dobeš a fait savoir que la réforme était nécessaire. Il est soutenu dans sa démarche par le Premier ministre Petr Nečas, même s’il a appelé récemment à revoir encore sa copie, jugée incomplète. Reste à savoir dans quelle mesure le mouvement de protestation pourra changer la donne, alors que le gouvernement doit débattre de la réforme le 7 mars prochain. Mercredi, le recteur de l’Université Charles de Prague a accordé un jour libre aux étudiants afin que ceux-ci puisse participer à une grande manifestation qui doit rassembler des milliers de personnes jusqu’au siège du cabinet. Nul doute, donc, que côté universitaire, on est déterminé à aller loin dans le mouvement.