Réformes des universités : le ministre de l’Education est prié de revoir sa copie

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Les étudiants et les responsables académiques de l’Université Charles promettent des manifestations de grande ampleur si les réformes proposées par le ministre de l’Education, Josef Dobeš, sont adoptées. Jeudi s'est tenue la Conférence générale des doyens de l’Université Charles. L’occasion pour ces derniers de signaler au ministre que les propositions de loi sur l’enseignement supérieur conduiront à la liquidation de leur indépendance. La majorité des membres du Sénat académique de l'université s'opposent également à la réforme du soutien financier aux étudiants telle que formulée par le ministère. Selon eux, cette réforme mènerait à un accroissement de l’endettement des étudiants.

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Les membres des différents corps académiques de l’Université Charles ont mis en garde le gouvernement contre la soumission, en première lecture au Parlement, d’un projet de réforme de l’enseignement qu’ils estiment dangereux et de mauvaise qualité. Si la réforme devait passer, elle causerait, selon eux, des dommages irrévocables. A la suite de la Conférence des recteurs, une missive adressée au gouvernement a été transmise par les étudiants de l’université. Dans la lettre, les responsables académiques lancent un appel aux doyens de toutes les facultés de République tchèque afin « qu’en cas d’adoption du texte, une union puisse stopper des manœuvres dangereuses pour l’avenir de la société tchèque.»

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L’appel à la mobilisation intervient à la suite de cinq longues années de négociations entre le ministère et les responsables académiques. Si les deux parties conviennent du fait que des réformes du système de l’enseignement supérieur sont nécessaires, deux aspects des propositions ministérielles continuent de poser problème. Le plus important porte sur l’autonomie des universités, que la réforme risque de liquider. Or, comme le rappelle le recteur de l’Université Charles et leader du mouvement d’opposition, Václav Hampl, l’indépendance politique et l’autonomie des universités fait partie des standards européens :

Václav Hampl,  photo: CTK
« Nous sommes les premiers qui avons demandé, sans protester, de savoir qui dirigera à l’avenir l’université et qui la contrôlera. Nous sommes tous convaincus et d’accord sur le fait que, selon les tendances que suivent les autres pays d’Europe et du monde, l’université doit rester une institution autonome ! »

Car si la réforme prévoit de modifier les modes de direction et de contrôle des établissements de l’enseignement supérieur, rien n’est dit sur la manière dont les postes seront attribués. Les protestataires craignent en effet que le pouvoir politique s’arroge le droit de nommer selon les affinités partisanes ceux qui seront amenés à diriger les différents conseils des universités. Bien que favorable aux réformes et ne prenant pas part au mouvement de protestation, le recteur de l’Université technique à Prague (ČVUT), Václav Havlíček, rappelle toutefois qu’en l’état, le texte préparé par le ministère maintient un certain nombre de doutes :

Václav Havlíček
« Je ne partage pas les craintes des protestataires, mais il est vrai qu’au sujet du renforcement des compétences des conseils des universités, l’une des questions-clefs est la manière dont leurs membres seront mis en place et nommés. »

Le ministre de l’Education, Josef Dobeš, est donc appelé par les responsables académiques à revoir sa copie afin de lever les zones d’ombre qui font craindre, selon Václav Hampl, une politisation de la gestion de l’enseignement supérieur :

Josef Dobeš,  photo: CTK
« Les matériaux doivent être retirés afin d’être retravaillés correctement. Si je reste optimiste, je pense qu’il pourrait y avoir de bonnes choses, à condition toutefois que les textes soient bien écrits, les détails bien définis, et afin d’être sûr de ce que la réforme apportera. Il faudra pourtant encore fournir beaucoup de travail afin que les risques que nous voyons aujourd’hui s’effacent. »

Le président de la chambre des étudiants,  Miroslav Jašurek
La majorité des membres de la Conférence académique de l'Université Charles s'opposent également à la réforme du soutien financier aux étudiants telle que formulée par le ministère, puisqu'elle mènerait à un accroissement de l’endettement des étudiants. Alors que le même budget destiné aux bourses devrait être, selon le ministre, distribué à un plus grand nombre d’inscrits, le ministère propose la mise en place de nouveaux prêts étudiants. Le président de la chambre des étudiants, Miroslav Jašurek, s’est soulevé contre cette proposition en déclarant que, là où il avait été utilisé, ce système a montré qu’il ne fonctionnait pas.

Les textes devraient être soumis au Parlement au cours du mois de février. Si rien n’est fait pour apporter des modifications aux textes, le conseil des étudiants promet la tenue de manifestations dès le 27 février.