Réforme des universités: le courant ne passe pas entre les responsables académiques et le ministre de l'Education
L’année démarre bien difficilement pour le ministre de l’Education, Josef Dobeš. Après le dossier des fonds structurels européens gelés pour mauvaise gestion, la réforme des universités, l’une des réformes-clefs de ce début d’année, semble plus que jamais dans l’impasse. Alors que le ministre s’apprête à soumettre au gouvernement les textes qui devraient être inscrits dans la loi, Josef Dobeš doit faire face au durcissement d’une fronde académique qui s’oppose de manière univoque à la proposition ministérielle.
Jeudi dernier, Václav Hampl avait convoqué une réunion des responsables académiques de l’Université afin de mettre en garde contre l’adoption d’un projet de réforme considéré comme mal engagé et mal préparé. Devant la fronde, qui rassemble désormais la majorité des établissements de l’enseignement supérieur du pays, et afin de sortir de l’impasse, le ministre a convoqué à son tour, lundi, les chefs du Sénat académique, organe qui représente l’ensemble des dirigeants des établissements publics de l’enseignement supérieur. Loin d’avoir apaisé le conflit, la réunion s’est soldée par un cuisant échec de communication. Alors que les représentants des universités souhaitaient obtenir une reformulation des points litigieux, le ministre s’est en effet montré catégorique en refusant de revenir sur les négociations et en affirmant que le texte d’orientation choisi serait soumis au gouvernement:
« Deux matériaux d’orientation seront soumis au gouvernement. Ce sont des orientations qui ont été maintes fois discutées. A la suite d’une ultime négociation entre les spécialistes et la coalition, nous nous sommes décidés pour l’application de l’une des six variantes possibles que nous avions initialement choisies. La variante sur laquelle nous nous sommes mis d’accord ira bien au gouvernement… »
Le ministre a ajouté que le texte était inspiré du travail d’académiciens renommés et du modèle universitaire autrichien. Afin de dissiper tout malentendu sur une éventuelle politisation de la gestion des universités, le ministre a en outre rappelé la répartition et les modes de nomination des conseils académiques que la réforme prévoit et les difficultés que l’université rencontrera à l’avenir :« Dans le futur, deux tiers des postes seront désignés par les universités et un tiers le sera par le ministère. Il est nécessaire que l’administration de l’Etat ait au moins un tiers du pouvoir de contrôle sur ce qui se passe dans les universités. Il convient également que dans les conseils soient présents des économistes et des personnes qui sauront gérer les difficultés que les universités rencontreront sans aucun doute dans un avenir proche. »
Le recteur de l’Université Masaryk de Brno, Mikuláš Bek, rappelle que, outre les difficultés liées à la communication ministérielle, le conflit entre les responsables académiques et le ministère concerne également les modes de financement des études et le soutien aux étudiants :« Nos réticences portent sur la manière dont les matériaux d’orientation ont été traduits dans les textes, particulièrement l’aide aux étudiants, un point sur lequel aucune négociation régulière avec les représentants des universités n’a été menée. C’est là notre principale objection. Evidemment, sur les contenus, il y aura toujours des difficultés, les différents acteurs auront des avis différents ; savoir si tel poste sera fonctionnel, quelle sera la forme du processus d’accréditation. Mais je crois que la soumission d’une proposition au gouvernement ne devrait pas comporter les fautes laissées dans la préparation du texte. Or, c’est ce qui s’est passé selon moi. »
La réforme des universités devrait être débattue par le gouvernement dans les prochaines semaines. Les responsables académiques réfléchissent aux formes de protestation et aux actions de communication qui devraient être lancées fin février.