Le mouvement ultraconservateur D.O.S.T. contre la deuxième édition de la Prague Pride
De lundi à dimanche prochain aura lieu dans la capitale tchèque la deuxième édition de la Prague Pride, un évènement déjà majeur pour les militants ou sympathisants LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres), puisque près de 25 000 personnes y avaient participé l’année dernière. Les organisateurs espèrent en réunir au moins autant cette année et faire découvrir des populations souvent méconnues telles que les Roms LGBT. Cependant, comme en 2011, des mouvements ultraconservateurs font également parler d’eux, à l’image de l’initiative D.O.S.T. qui souhaite organiser une contre-manifestation pour, prétend-elle, « défendre la fierté des gens normaux »…
En tout, une trentaine de manifestations sont organisées. L’association PROUD, plate-forme pour l’égalité des droits, la reconnaissance et la diversité, a attribué son prix bePROUD 2012 à la Prague Pride. Selon Lukáš Sapík, l’un des organisateurs de l’évènement, seule une forte médiatisation permet à certaines personnes LGBT de combattre leur sentiment d’exclusion et force le monde politique à accepter la réalité d’une société aux identités sexuelles multiples :
« La Prague Pride a vraiment eu un accès aux médias unique. Cela a fait réagir beaucoup de politiques, et grâce à cela, de nombreuses personnes sont tout simplement venues. »De nombreux politiques avaient en effet réagi, mais certains pour s’élever contre la tenue du festival. Le président Václav Klaus lui-même s’était exprimé. S’il n’a« rien contre les homosexuels », il dénonçait tout de même un évènement qui ferait l’apologie de l’« homosexualisme », un néologisme désignant « la promotion de l’homosexualité contre l’hétérosexualité ». Ce à quoi le journaliste, écrivain et dramaturge Karel Hvížďala répondait sur les ondes de Radio Wave : « Ne nous inquiétons pas de Klaus, mais du klausisme ». A nouveau des voix s’élèvent contre la deuxième édition de la Prague Pride, souvent les mêmes. Le mouvement D.O.S.T. est à la pointe de ce combat réactionnaire. D.O.S.T., ce sont les initiales de foi, objectivité, liberté et tradition ; un vaste programme, le tout signifiant « assez ». En 2011, l’ancien président de ce mouvement, le très controversé Ladislav Bátora, qui a un temps été candidat pour un parti d’extrême-droite, mais aussi fonctionnaire du ministère de l’Education et soutenu par Václav Klaus, expliquait son opposition à la Prague Pride :
« Je suis d’avis que dans une société conservatrice, la question de la lutte pour les droits des homosexuels, que nous appelons « homosexualisme », ne devrait pas être soutenue. De plus, ce qui nous déconcerte, c’est que le maire de Prague patronne une telle manifestation, alors qu’il appartient au parti ODS, qui se déclare conservateur. » Cette année à nouveau, ce mouvement, proche de l’extrême-droite et des catholiques intégristes, qui défend « la famille traditionnelle » et s’oppose au droit à l’avortement et à la liberté de définir son orientation sexuelle, souhaite organiser une contre-manifestation à la Prague Pride. Sans doute par provocation, ses responsables ont demandé au maire de Prague, Bohuslav Svoboda, de patronner cette marche. Celui-ci a refusé. Il avait d’ailleurs déjà précisé qu’un évènement promouvant la tolérance à Prague était une bonne chose. Les militants de D.O.S.T. ont fait la même demande auprès du Premier ministre, Petr Nečas. L’enjeu du mouvement est sans doute d’acquérir une certaine légitimité en se positionnant dans le sillage d’une droite conservatrice modérée. Les organisateurs de la Prague Pride ont déclaré ne pas être surpris et qu’ils s’attendaient à ces expressions de haine et d’intolérance. Mais si le festival rencontre le même succès que l’année dernière, celles-ci passeront inaperçues.