Le musée du Louvre expose les arts à Prague à la cour de Rodolphe II

Jacob Hoefnagel d'après Joris Hoefnagel, une feuille du cycle Archetypa studiaque, 1592
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« L’expérience de la nature. Les arts à Prague à la cour de Rodolphe II » : c’est le titre de la nouvelle exposition ouverte cette semaine au musée du Louvre.

Source: Musée du Louvre

Olivia Savatier et Philippe Malgouyres sont les commissaires scientifiques de cette expo inaugurée mercredi.

Olivia Savatier : « Nous avons choisi de montrer un aspect moins connu de l’art sous le règne de Rodolphe II en nous intéressant la question de la nature, de la perception, de la représentation, de l’exploration de la nature dans ce microcosme qu’est la cour de Rodolphe II et qui rassemble les artistes et les hommes de science qui se côtoient et qui échangent beaucoup d’idées sur le sujet. »

Philippe Malgouyres : « Il se trouve qu’à Prague, d’abord à cause de l’intérêt personnel de Rodolphe II pour les sciences, que ce soit l’astronomie, les sciences naturelles, la chimie et l’alchimie, et le fait que c’est une cour un peu loin aussi des autres centres où les gens ont travaillé beaucoup plus proches les uns des autres, c’est un milieu qui est particulièrement fécond et intéressant. »

Aegidius II. Sadeler,  Portrait d'Anselmo Boëtius de Boodt,  1603-1604 | Source: Galerie nationale de Prague

« C’est un épisode de l’histoire des arts et des sciences qui est peu connu sûrement du public français et souvent plutôt connu par le prisme de la bizarrerie, d’un empereur un peu fou, ou de clichés, on est évidemment tout à fait hors de cette vision. »

« Nous montrons au contraire tout l’aspect extrêmement rationnel de cette entreprise, même s’il n’exclut pas l’imagination. Je pense qu’au-delà de cet intérêt historique évident, il y a aussi quelque chose de plus profond. D’abord c’est la question de l’attention au monde qui nous entoure et on a peut-être une leçon à apprendre de ces artistes et de ces savants du XVIe siècle. »

« On a choisi de ne pas montrer beaucoup d’œuvres, mais pour chaque œuvre, vous voyez, il y a un petit texte, chaque œuvre est présentée séparément et donc on veut à la fois suggérer l’espèce de qualité, de lenteur, d’attention, de persévérance, de disponibilité aussi dans la contemplation de ces œuvres et qui est une chose vraiment qui nous manque aujourd’hui cruellement parce que qui peut dessiner patiemment comme ça tous les poils d’un animal ou tous les pétales d’une fleur alors qu’on va demander à une intelligence artificielle de le faire à notre place. Donc on propose aussi de réfléchir à ça, à la lenteur, à l’expérience. C’est-à-dire qu’il y a une expérience qui est plus personnelle à travers cet exemple du XVIe siècle. »

« Il y a un quart des œuvres qui viennent de Prague, pas seulement de la Galerie Nationale mais des musées de Prague en général. C’est aussi le Musée technique, le Musée des arts décoratifs et le Château de Prague qui ont collaboré à cette exposition. C’est de ce partenariat qu’est née évidemment la possibilité de faire cette exposition au Louvre. »

Organisée en partenariat avec la Národni Galerie de Prague, cette exposition rassemble une centaine d’œuvres (objets d’art, sculptures, peintures, arts graphiques, instruments scientifiques, manuscrits, imprimés…) majoritairement exécutées à Prague et commandées ou achetées par Rodolphe II pour sa Kunstkammer. Elles proviennent essentiellement des collections pragoises et du musée du Louvre, mais aussi du Kunsthistorisches Museum à Vienne, du Rijksmuseum à Amsterdam, du Kupferstichkabinett de Berlin et de la bibliothèque de l’Observatoire à Paris.

Laurence des Cars est la présidente du musée du Louvre :

« C’est un partenariat qui unit les deux musées, qui a permis déjà l’organisation à Prague, à la Národni Galerie, d’une exposition d’estampes venue du musée du Louvre, qui avait eu lieu entre mai et août 2024. Il y avait une sélection des estampes de Michel-Ange à Jacques Callot sur le thème de la gravure maniériste. C’était déjà la question du maniérisme. »

« Et maintenant, c’est une exposition qui vient en partie de Prague, avec des prêts très importants, évidemment, de Prague, mais aussi des prêts qui viennent d’autres musées en Europe, et qui concerne le rapport à la nature des artistes qui ont travaillé à la cour de Rodolphe II à Prague. L’exposition est très belle, ce n’est pas une très grande exposition, mais c’est une exposition très précieuse, un petit bijou, à mon avis. »

Cette exposition est visible jusqu’au 30 juin dans le plus célèbre musée parisien. Pas seulement visible, car on peut aussi la sentir ou la toucher avec des visites spéciales, notamment sensorielles et olfactives. Plus d'infos : www.louvre.fr

Auteurs: Marie Sýkorová , Alexis Rosenzweig
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