Le « noise rock » d’OTK
Le groupe OTK voit le jour en 1988 à Prague et il continue de se produire à l’heure actuelle principalement sur les petites scènes des clubs tchèques. OTK, c’est un mélange insolent et osé de noise rock, soit du rock bruitiste, avec parfois des éléments de jazz fusion, allant toujours au-delà des frontières établies. Les morceaux, que nous allons écouter tout au long de ce programme, sont issus de l’album Sona a Kuva, album qui a notamment obtenu le prix Anděl dans la catégorie « musique alternative » en 2003.
OTK, une atmosphère lénifiante
Derrière le groupe OTK se cachent quatre musiciens, dont le guitariste, producteur et ingénieur du son, Honza Klempíř. Le groupe a choisi le nom d’OTK, dont l’interprétation peut varier selon l’imagination de chacun, à savoir Odporně Těžké Konání, soit Procédé abjectement dur, ou Okresní Turistický Klub, Club touristique d’arrondissement, ou aussi Ozdravný Taneční Kroužek, Cours de danse thérapeutique, ou encore Opravdu Tajuplné Kapely, Groupes vraiment mystérieux. Ayant à leur compte cinq albums ainsi que plusieurs compilations avec d’autres groupes, chacun de leur album est original du haut de sonorités à chaque fois très spécifiques. Sur l’album Sona a Kuva, que nous écoutons, il est possible de trouver à la fois des textes qui nous plongent dans nos pensées les plus profondes, comme pour la chanson A.Letec (« Dis moi où tu étais, comment tu as volé jusque là-bas, tout ce que tu as pris, et qu’as-tu vu, tu es rentré avant que ne commence la journée, je te crois déjà, ce n’était pas un rêve »), tout comme des textes ironiques et amusants, comme pour la chanson Sova a Kuna. D’ailleurs vous l’aurez peut-être compris, le titre de l’album Sona a Kuva est un calembour sur les mots tchèques Sova, la chouette, et Kuna, la martre.« Une chouette s’agite sur une branche, je la vois à peine à cause de la nuit Une martre lui pend au cou, je la vois à peine à cause de la nuit Une tique lui pend à la fourrure, je la vois à peine à cause de la nuit C’était un chemin étrange, lorsque je me rendais chez toi »
Des expérimentateurs insaisissables
« N’est-ce pas magnifique, lorsque le soleil se couche et va dormir
N’est-ce pas magnifique et la chauve-souris, l’orvet, le pollen me
viennent à l’esprit
J’aime mon pays, j’aime mon pays
N’est-ce pas magnifique, lorsque le soleil se couche et s’endort
N’est-ce pas magnifique et l’orgueil, le sac, la lèvre me viennent à
l’esprit
J’aime mon pays »
Si le groupe OTK aborde la composition de ses morceaux sans préjugés ou inhibition et sans prise en considération des habitudes musicales parfois solidement ancrées, chacune de leur création possède un son propre, porte ouverte vers un monde musical multiforme et féerique, porté par des textes dadaïstes et surréalistes.
Quant à l’album Sona a Kuva, il nous transporte dans un espace sonore cosmique, où l’ambiance est accentuée par un chant monotone, presque une berceuse. D’ailleurs, l’album a vu le jour notamment grâce à la coopération d’un musicien de renom, Jan P. Muchow, du groupe Ecstasy of St. Theresa, ainsi que du producteur Dušan Neuwirth. Les musiciens d’OTK sont d’ailleurs très proches des fameux Tatabojs, avec lesquels ils se produisent régulièrement sur scène lors de concerts d’anniversaire.
« Nous nous sommes rencontrés dans un monde bizarre
Je tiens dans ma main une grenouille et un balai qui balaie
Nous nous sommes rencontrés dans un monde bizarre
Et le cœur palpite et palpite et palpite »
Si au mois de février dernier, OTK s’est produit à Prague dans le cadre de la Journée de soutien au centre socioculturel Klinika, le prochain concert du groupe aura lieu le 8 avril prochain sur la scène du club Buben au centre de Prague, une scène qui accueille régulièrement des groupes de ska, de reggae, de punk mais aussi de soul.