Le Nouveau palais royal au Château de Prague

Château de Prague

Pour cette promenade, je vous invite dans un lieu qui ne s’ouvre au public que dans des occasions exceptionnelles, le cas justement de la fête nationale du 8 mai que nous venons de fêter. Cet endroit, c’est le Nouveau palais royal au Château de Prague, appelé ainsi en opposition avec le Vieux palais royal dont les origines remontent jusqu’au moyen-âge. Quant au Nouveau palais royal, sa construction a commencé au XVIe siècle. Le palais est réputé pour ses salles représentatives du Château de Prague comme la Salle espagnole, lieu de l’élection présidentielle, de cérémonies solennelles et de concerts, par la galerie rodolphienne nommée d’après l’empereur Rodolphe II ou encore par l’appartement du premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk. Mais commençons par le commencement :

Château de Prague
« La Salle espagnole était conçue spécialement en tant que galerie de plastiques monumentales du sculpteur hollandais Adrian de Vries »

détaille Petr Chotěbor, architecte de la chancellerie du président de la République, en expliquant d’où vient le nom de la Salle espagnole : d’après les écuries pour chevaux espagnols élevés par Rodolphe II au-dessus desquelles elle était édifiée. Longue de 48 mètres, large de 24 m et haute de 12 m, la Salle espagnole est la plus grande salle représentative du Château de Prague. Or son image, au moment de sa création, en 1606, par l’architecte Giovanni Maria Philippi, était tout autre, conte notre guide :

Rodolphe II
« A l’époque du règne de Rodolphe II, sur le trône de Bohême de 1576 à 1611, la Salle espagnole n’était pas si haute et au milieu, il y avait une rangée de colonnes en bois. C’était une nécessité car les deux toits en bâtière qui couvraient autrefois cette salle avaient besoin d’appuis. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, après que le palais ait reçu une nouvelle charpente, celle qui s’est conservée jusqu’à présent, que les colonnes ont été enlevées. Le plafond a été rehaussé et la salle dotée d’un deuxième rang de fenêtres supérieures. »

La Salle espagnole,  photo: CzechTourism
A l’occasion du couronnement de Ferdinand V, en 1836, la Salle espagnole a subi de nouveaux remaniements pour satisfaire aux jubilations et bals qui y avaient lieu. C’est alors que toute l’aile nord du château a pris l’appellation de Nouveau palais royal. Les plafonds ont été ornés de stucs et huit grandes glaces ont été installées à la place des fresques de paysages antiques de 1774. D’autres remaniements baroques ont été entrepris pour le couronnement de François-Joseph 1er. Pendant un certain temps, la Salle espagnole s’appelait galerie rodolphienne, d’après les fameuses collections de Rodolphe II qu’elle abritait. L’ensemble du Nouveau palais a été rénové une nouvelle fois sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse, par l’architecte Nicolo Pacassi à qui nous devons les ornements baroques et classicistes de la façade. Les murs du Nouveau palais royal cachent les vestiges des remparts romains du XIIe siècle et l’ancienne porte d’entrée au château médiéval, la Tour blanche. Petr Chotěbor :

« Les plus précieux sont les vestiges de la rotonde de la Vierge Marie fondée par Bořivoj 1er, le premier prince de la dynastie des Přemyslides à avoir été baptisé, et les archéologues situent cette église dans les années 882 – 884. »

Notre visite continue au deuxième étage du Nouveau palais royal où se trouve l’appartement du premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk. L’architecte slovène Josip Plečnik, invité par le président Masaryk à transformer la demeure féodale en siège digne de la nouvelle démocratie, est l’auteur de nombreuses réalisations dont aussi cet appartement. Le style de Plečnik est très personnel, il respecte le lieu et la tradition, en se référant à la fois aux traditions antiques de la démocratie. : cette inspiration est la plus évidente dans la salle d’entrée du Nouveau palais royal dite salle des colonnes. C’est en 1921 que Plečnik est chargé de l'aménagement de toute l'aile destinée à recevoir les nouveaux appartements présidentiels dans lesquels Petr Chotěbor nous sert de guide:

« Plečnik a créé un escalier en colimaçon et un ascenseur. L’escalier en briques rouges se présente comme un montage d'éléments modernistes, avec emprunts à la culture populaire et à l'architecture méditerranéenne. Dans les vieux bâtiments Plečnik installe les pièces d'habitation, le salon des Dames, la bibliothèque de Masaryk et, à l'intersection des ailes sud et est, le grand impluvium - espace centrale de l'appartement, avec un bassin circulaire éclairé par une fenêtre elliptique du toit. Il construit aussi une entrée personnelle du président reliant la cour du château par un tunnel creusé à travers l'aile centrale. Certains éléments se sont conservés dans leur état d’origine comme la bibliothèque de Masaryk et son cabinet de travail, d’autres ont été restaurées, après 1990 : c’est le cas de la fontaine en marbre qui a pu être reconstituée grâce à la documentation retrouvée. »

La visite des salles représentatives du Nouveau palais royal nous conduit encore dans le salon dit Vert, d’après les murs recouverts de tenture de velours de couleur verte et dans le salon d’Or baptisé d’après ses murs en or et nous visitons aussi la salle des Armoiries disposée sur deux étages.

Tout comme l’architecte du président Masaryk, Josip Plečnik, a gravé au château une image nouvelle, le premier président démocratique d’après 1989 Václav Havel a eu aussi son propre architecte, Bořek Šípek. La première réalisation de celui-ci pour le château - un prototype de chaise justement pour la Salle espagnole. Bořek Šípek est aussi l'auteur de l'aménagement intérieur du bureau de Václav Havel. L'entrée de la chancellerie présidentielle, les intérieurs de la pinacothèque, le perfectionnement des installations techniques de la Salle espagnole et de la galerie Rodolphe et les tapisseries pour cette galerie sont également son oeuvre.

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