Le Parlement tchèque a condamné le génocide arménien
Pour la première fois de son histoire, la Chambre des députés a adopté, mardi, une résolution condamnant les massacres perpétrés contre les Arméniens sur le territoire de l’actuelle Turquie durant la Première Guerre mondiale. Pour autant, la République tchèque ne se range pas encore aux côtés des plus de vingt pays dans le monde qui reconnaissent officiellement le génocide.
« Je pense que l’histoire appartient aux historiens et que ce n’est pas le rôle des politiques de s’exprimer sur ce type de question. Quelle que soit leur gravité, et même si dans le cas concret de l’Arménie, il s’agit d’une immense tragédie, je ne vois pas l’intérêt de prendre position sur des faits qui remontent à 100 ou 150 ans. Des tragédies dans l’histoire de l’humanité, il y en a malheureusement eu de nombreuses autres, et c’est pourquoi je ne vois pas de raison particulière de débattre aujourd’hui au Parlement concrètement du génocide arménien. Laissons ce travail aux historiens. »
Dix mois plus tard, la position officielle a évolué. Mardi 25 avril, soit le lendemain de la traditionnelle journée de commémoration en Arménie, les députés ont donc reconnu que ces massacres perpétrés par le parti au pouvoir dans l’Empire ottoman en 1915 et 1916 devaient être considérés comme un génocide.Sans surprise, cette décision, à ranger au même titre selon les parlementaires tchèques que les crimes contre l’humanité commis par les nazis contre les populations juive, rom et slave sur les territoires occupés, a entraîné une vive critique de la diplomatie turque. Celle-ci a fait part également de sa déception quant aux déclarations répétées du chef de l’Etat. Lundi, soit la veille du vote, Miloš Zeman a adressé une lettre à la diaspora arménienne en République tchèque dans laquelle il qualifie le génocide de « chapitre tragique de l’histoire du monde civilisé » et « l’une des pires atrocités dont l’humanité a été témoin dans l’histoire moderne ».
Jusqu’à présent, à Prague, seule la commission parlementaire en charge des affaires étrangères s’était officiellement prononcée, il y a deux ans de cela, sur ce délicat dossier.