Le patrimoine pragois, une forte valeur ajoutée pour l'immobilier
Nous nous tournons aujourd'hui vers le secteur de l'immobilier et plus particulièrement vers le marché de la clientèle internationale, en plein développement à Prague. Ce marché étant souvent lié à des édifices situés dans le centre historique de la capitale, il pose aussi le problème du respect du patrimoine historique, parfois en contradicition avec des intérêts économiques à court terme.
Si Prague compte encore peu d'agences immobilières tournées vers la clientèle internationale, elle voit de plus en plus de promoteurs solliciter leurs services pour offrir des produits spécialement concues pour cette clientèle haut de gamme.
Des promoteurs comme Orco Property Group ou encore Unistav font régulièrement appel à Hanex Group, une agence immobilière détenue par un expatrié Tchéco-Canadien, Frank Hanecak.
Unistav, promoteur basé à Brno, a, au jour d'aujourd'hui, bénéficié d'un projet unique. A quelques mètres du Pont Charles, dans une rue de Mala Strana, le Palais Beethoven, une impressionnante maison baroque du 16e siècle, a attiré, il y a quelques années, l'attention d'Unistav. Le Palais doit son nom aux fréquents séjours que le compositeur y effectua durant le 18e siècle. Il y aurait même composé certaines de ses oeuvres. On peut voir une plaque avec son portait à l'entrée du Palais.
Partie intégrante du patrimoine pragois, la maison a également abrité les séjours de Mozart ou d'Albert Einstein. Résidence privée dès la fin du 14e siècle, l'édifice fut utilisé, après le grand incendie de 1538, à des fins administratives mais une partie avait été réaménagée en auberge, qui vit trinquer quelques grandes sommités de l'époque. Son adresse ? Lazenska 11, au cas où la curiosité vous y pousserait lors d'un séjour pragois.
C'est en 2003 qu'Unistav saisit l'occasion de rénover l'éfidice afin d'y aménager une vingtaine d'appartements de luxe avec vues imprenables sur le quartier aristocratique et multiuséculaire de Mala Strana. La terrasse de l'édifice donne sur la colline de Petrin, avec l'église de Saint-Nicolas et les tours du Pont Charles.
Le caractère historique de la salle Beethoven aurait poussé la compagnie à ne pas remanier complètement sa structure, selon les responsables d'Unistav. Achevé en 2005, le projet aura coûté en tout 11,5 millions d'euros.
Aujourd'hui, cet édifice rénové et inscrit sur la liste d'Etat du Patrimoine, a déjà été presque totalement vendu, principalement à des acheteurs étrangers. La pièce de 200 m2 que Beethoven occupa fait bien sûr partie du lot. Unistav n'en est pas à son premier coup d'essai en matière de rénovation d'édifices historiques. Elle compte notamment à son tableau la rénovation du Palais Schwarzenberg, au Château de Prague.
Des polémiques de quartier ont cependant pu naître avec pour motif majeur la conservation du patrimoine. Celui-ci ne devant pas être sacrifié aux intérêts commerciaux. Unistav a dû adapter l'édifice à certains services modernes, aménageant un parking dans la cour intérieure. Les dirigeants de la compagnie mettent cependant en avant que peu d'ajouts ont été opérés, dans le souci de respecter le caractère historique du lieu.
Et d'évoquer la cave de pierre gothique, accessible par un escalier étroit en spirale et qui remonte tout droit au 14e siècle. Notons que les différentes salles de cette cave ont déjà été vendues en tant qu'espaces de rangement pour particuliers.
A priori, cette rénovation est une réelle réussite, tant en termes économiques qu'en termes d'esthétique et de préservation du patrimoine. Le tableau n'est cependant pas toujours aussi rose, surtout quand les intérêts économiques à court terme prévalent sur des considérations culturelles. Certains professionnels du secteur, dont en premier lieu les architectes, déplorent les projets bâclés ou mal adaptés à leur quartier. Certains critères objectifs sont faciles à faire respecter comme la hauteur de la construction ou le respect des espaces verts attenants. D'autres, comme l'intégration esthétique à l'environnement, est beaucoup plus subjectif. Surtout, un toit mal incliné, une façade non appropriée sont difficilement modifiables après coup.
Les oppositions que peuvent exprimer les habitants d'un quartier ont rarement chance d'aboutir une fois les aurotisations officielles délivrées. Le principal problème réside dans les intérêts économiques à court terme, qui prévalent parfois sur le respect du patrimoine urbain. Le prix du projet ainsi que le respect des délais peuvent ainsi passer avant la qualité.
L'ignorance des lois explique aussi des abus, certains promoteurs se croyant permis de tout construire, sous prétexte d'avoir investi une somme importante. C'est ce que déplore notamment la Chambre Tchèques des Architectes (CKA).
Les promoteurs, de leur côté, tentent d'améliorer la communication au sein de la profession et des partenaires commerciaux. Lors du Tournoi de Golf des Promoteurs, tenu le 12 juin derbier à Karlstejn, on a vu défiler une centaine d'invités représentant environ 50 agences immobilières et professionels du secteur.