Le plus controversé des politiques tchèques de retour au sein du gouvernement

Jiří Čunek, photo: CTK

Jiří Čunek a fait son retour, mercredi, au sein de la coalition gouvernementale. Cinq mois après avoir démissionné de ses fonctions alors qu’il était soupçonné de corruption et d’avoir abusé du régime des allocations sociales, le leader du Parti chrétien-démocrate a de nouveau été nommé ministre de l’Aménagement du territoire par le président de la République.

Jiří Čunek,  photo: CTK
Depuis le déménagement forcé et très médiatisé à l’automne 2006 de familles roms du centre de Vsetín, petite ville de Moravie dont il était alors le maire, Jiří Čunek est assurément le personnage politique le plus controversé en République tchèque. Elu président du Parti chrétien-démocrate peu de temps après, cet ancien mécanicien automobile, un des rares hommes politiques tchèques à ne pas avoir suivi d’études supérieures, a en effet accumulé les scandales depuis son apparition sur le devant de la scène politique et médiatique.

D’abord accusé de harcèlement sexuel et de discrimination par son ancienne assistante, Jiří Čunek a ensuite été soupçonné d’avoir accepté un dessous-de-table d’une agence immobilière lorsqu’il était maire de Vsetín, avant que la procédure judiciaire ne soit interrompue dans des circonstances peu claires. Le leader de l’une des trois formations de la coalition gouvernementale a également été accusé d’avoir profité d’allocations sociales à la fin des années 1990 alors qu’il possédait un compte en banque bien garni. Des affaires que Jiří Čunek traîne comme des boulets et auxquelles sont enfin venues s’ajouter des déclarations considérées comme xénophobes sur la couleur de peau des Roms.

Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
Depuis sa démission contrainte et forcée en novembre dernier, Jiří Čunek a pourtant toujours clamé haut et fort son innocence et son intention de retrouver sa place au sein du cabinet. Mais bien que soutenu par les membres de son parti, son retour divisait le reste de la coalition. Le ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, avait ainsi menacé de quitter ses fonctions si le retour de Jiří Čunek devenait effectif. Le chef de la diplomatie avait alors conditionné le retour de Jiří Čunek à la publication par ce dernier de son dossier judiciaire dans l’affaire de présomption de corruption.

Mardi pourtant, après une discussion avec le Premier ministre, Mirek Topolánek, le leader des Verts, Martin Bursík, et Jiří Čunek, Karel Schwarzenberg a abandonné ses conditions. Il a indiqué qu’il se contenterait d’un audit financier réalisé par une société indépendante qu’il choisirait lui-même. Ce contrôle des comptes devrait être achevé en juin prochain et ses résultats seront rendus publics, ce qui ne gêne pas outre mesure Jiří Čunek :

Jiří Čunek,  Mirek Topolánek,  Karel Schwarzenberg,  Martin Bursík,  photo: CTK
« Il s’agit d’une façon de faire tout à fait inhabituelle et sur le fond inacceptable pour moi en temps normal. Mais il s’agit de Karel Schwarzenberg, une personne que je respecte, je comprends sa position et c’est pourquoi j’ai accepté cet audit. En outre, je pense que les comptes de la famille Čunek ne sont plus un secret pour personne et tout le monde en connaît au moins une partie. Je n’ai donc plus rien à cacher et je n’ai aucune raison de le faire. »

Et après que le leader du Parti chrétien-démocrate a également accepté de ne plus s’exprimer sur les Roms, comme le réclamaient les Verts, Jiří Čunek a donc été renommé vice-Premier ministre et ministre de l’Aménagement du territoire, mercredi, par le président de la République, Václav Klaus.