Le premier commissaire européen de la République tchèque a la cote

Pavel Telicka

L'actuel ambassadeur auprès de l'Union européenne, Pavel Telicka, deviendra dans un mois le premier commissaire européen tchèque. L'ancien membre du ministère des Affaires étrangères de la Tchécoslovaquie communiste est, selon un récent sondage, l'homme politique préféré des Tchèques.

Pavel Telicka
Telicka est le numéro un! Tel est le titre de l'éditorial du quotidien Lidove Noviny de mercredi, l'un de ceux dont le dernier sondage sur les personnalités politiques préférées des Tchèques fait la Une. Pavel Telicka détrône en tête de ce classement le jeune ministre de l'Intérieur Stanislav Gross, pour la première fois recalé à la seconde place en deux ans!

Ce sondage réalisé par l'agence STEM, à prendre avec du recul, notamment parce que le Président Klaus n'y figure pas, a au moins le mérite de souligner quelques traits de la vie politique du pays. Il montre en premier lieu que c'est la jeune génération montante qui bénéficie des plus grosses cotes de popularité. Pavel Telicka et "Standa" Gross n'ont pas encore fêté leur quarantième anniversaire. Le deuxième enseignement de ce sondage réside dans le fait que les citoyens ne se soucient guère du passé politique des hommes et femmes restés dans la sphère du pouvoir après la révolution. Des voix s'étaient pourtant élevées contre la désignation de Pavel Telicka comme eurocommissaire, notamment au sein de la coalition gouvernementale, à cause de son appartenance au parti communiste quelques années avant 1989. Pour le politologue Zdenek Zboril, "cela montre à quel point nous vivons dans l'illusion d'avoir gagné la guerre contre les communistes, alors qu'il est aujourd'hui facile de voir qu'ils sont encore présents dans les structures officielles et non officielles, et que leur passé les a aidés en cela."

Pavel Telicka a toujours su rester très flou sur son passé. Rencontré la semaine dernière à Bruxelles, il a préféré s'attarder sur l'avenir et sur la tâche qui l'attend à la Commission:

"Bien sûr, je me réjouis de devenir le premier eurocommissaire tchèque, mais je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à mes sentiments personnels. Plus l'échéance approche, plus les travaux à accomplir sont nombreux, à commencer par les choses concrètes et matérielles à organiser comme le personnel et les bureaux. Plus le 1er mai se rapproche, plus je me réjouis, mais je ne pense pas que ce qui motive le plus soit le fait de devenir le premier commissaire tchèque. Depuis 15 ans, j'ai occupé des postes à responsabilité en relation avec la candidature puis l'adhésion de la République tchèque, dont celui de négociateur en chef, cela m'a permis de cerner les enjeux liés à ce poste."

Pavel Telicka devra mettre à profit son expérience et être à la hauteur des attentes de Romano Prodi, après le fiasco qu'avait entraîné le renoncement de Milos Kuzvart au poste pour lequel il avait été désigné en premier par le gouvernement.