Miloš Zeman en Israël : la priorité est aux sujets économiques

Miloš Zeman avec Shimon Peres, photo: isifa/Sipa-USA/Xinhua

Accompagné de quatre ministres et d’une quarantaine de chefs d’entreprises, le président Miloš Zeman a commencé sa visite officielle d’Israël ce lundi par une rencontre avec son homologue Shimon Peres et le Premier ministre Benjamin Netanyahou. Il s’agit de la dix-neuvième visite officielle d’un haut représentant tchèque depuis l’année 2000, qui scelle des relations traditionnellement très bonnes entre les deux pays. Mais elle se déroule dans un contexte politique tendu en raison des déclarations récentes du chef de l’Etat qui s’est prononcé en faveur du déplacement de l’ambassade tchèque de Tel-Aviv à Jérusalem.

Miloš Zeman avec Shimon Peres,  photo: isifa/Sipa-USA/Xinhua
Miloš Zeman a ainsi remis à l’ordre du jour un point sensible en raison du statut particulier de Jérusalem, considéré comme capitale tant par Israël que par la Palestine. Bien que l’immense majorité des pays possèdent leur ambassade à Tel-Aviv, le président s’est déclaré prêt, la semaine dernière, à user de tout son poids politique au profit d’un déplacement de l’ambassade tchèque à Jérusalem, une décision qui enchanterait sans doute les dirigeants israéliens. Miloš Zeman :

« Avec mon charme personnel irrésistible, je vais essayer d’influencer le futur Premier ministre ainsi que le futur ministre des Affaires étrangères pour qu’ils considèrent le déplacement de l’ambassade tchèque à Jérusalem. »

Ce n’est pas la première fois que les déclarations de Miloš Zeman font l’objet de réactions de la diplomatie palestinienne. En 2002 déjà, le Premier ministre qu’il était à l’époque avait provoqué le scandale en comparant Yasser Arafat à Adolf Hitler. Cette fois, les représentants de l’OLP (Organisation pour la libération de la Palestine), qui est reconnue comme le partenaire palestinien des négociations, ont rejeté les propos de Miloš Zeman en estimant qu’ils nuisaient au processus de paix entre Israël et la Palestine. En réaction, le ministère des Affaires étrangères s’est empressé de réitérer le soutien de la République tchèque au processus de paix au Proche-Orient. Par ailleurs, le directeur du département de la politique étrangère du bureau présidentiel, Hynek Kmoníček, a précisé l’idée du chef de l’Etat :

 Hynek Kmoníček,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Le président voulait exprimer son espoir que le processus de paix s’achève par la création de deux Etats indépendants. Et ce n’est qu’à ce moment-là que la République tchèque, avec joie, déplacera son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. »

Les déclarations de Miloš Zeman, qui resteront probablement sans issue concrète, n’ont pas été évoquées lors de sa rencontre avec Shimon Peres, ce lundi matin. Il s’agissait néanmoins d’un signal qui a ouvert la voie aux négociations menées par la délégation tchèque. Majoritairement composée d’hommes d’affaires, cette délégation se consacre avant tout au renforcement de la coopération économique entre les deux Etats.

A Jérusalem, Miloš Zeman a également prononcé un discours dans lequel le chef de l’Etat a renoué avec sa rhétorique habituelle en développant ses idées déjà énoncées lors du discours à l’université d’Humboldt à Berlin en juin dernier. Il a appelé « le monde civilisé » à la lutte contre le terrorisme et a désigné Israël comme un îlot démocratique au Moyen-Orient.

De manière plus générale, peu d’Etats dans le monde accordent un soutien si fidèle à l’Etat juif comme la République tchèque. Il y a quelques mois de cela, celle-ci a été le seul pays membre de l’UE à voter contre le statut d'Etat observateur de la Palestine à l’ONU.