Le président Zeman voudrait l’euro dès 2017

Photo: Filip Jandourek, ČRo

La République tchèque adoptera-t-elle l’euro en 2017 ? Poser la question, c’est déjà un peu y répondre. En effet, la réponse est très probablement non, le gouvernement, malgré son orientation pro-européenne, n’ayant pas fait de la fixation d’une date une de ses priorités. C’est pourtant ce que souhaite le président de la République. Mercredi, Miloš Zeman s’est dit convaincu qu’avec un peu de bonne volonté, la République tchèque pourrait adopter la monnaie unique européenne d’ici à trois ans.

Miloš Zeman,  photo: ČTK
En tournée durant trois jours dans la région de Liberec, en Bohême du Nord, à quelques dizaines de kilomètres de l’Allemagne, Miloš Zeman a justifié ses propos en rappelant que l’économie tchèque reposait d’abord sur ses exportations et que 75% des sociétés exportatrices étaient favorables à l’usage de l’euro. Le président a donc profité de son passage dans l’usine d’une société spécialisée dans la production de cristal pour lancer un appel aux partis politiques :

« Je pense que tous les partis pro-européens sur notre scène politique sont plus ou moins favorables à l’euro. Mais il ne suffit pas d’avoir l’euro dans son programme, il convient aussi de faire quelque chose de concret. Cela signifie établir un programme, un calendrier pour son adoption et choisir une stratégie pour pouvoir passer de la couronne à l’euro. »

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Le chef de l’Etat a également souligné que dans les pays voisins que sont l’Autriche et la Slovaquie, 70% de la population était satisfaite de disposer de la monnaie européenne. Un enthousiasme que ne partagent cependant pas les Tchèques, très attachés à leur couronne et pour l’heure pas spécialement pressés de rejoindre une zone euro qui sort péniblement d’une longue période de crise. A en croire les sondages, 80% d’entre eux sont même opposés à cette idée. Mais de toute façon, comme l’explique l’économiste spécialiste des questions européennes Petr Zahradník, l’adoption de l’euro par la République tchèque dès janvier 2017 ne serait envisageable que si les préparatifs étaient décidés avant la fin de ce mois de juin :

Petr Zahradník,  photo: Noemi Holeková,  ČRo
« Je considère la déclaration du président plutôt comme une alarme ou un élément de motivation pour que les institutions responsables, à savoir la Banque nationale d’un côté et le ministère des Finances ou l’ensemble du gouvernement de l’autre, prennent des décisions telles à ce que le délai pour intégrer la zone euro soit réalisable avant la fin de la décennie au plus tard. Mais je pense que 2017 est plutôt une illusion. Cela ne me semble pas être un délai très réaliste, surtout dans la situation actuelle. »

Surtout aussi, comme le précise toujours Petr Zahradník, que les dix-huit Etats membres actuellement de la zone euro, qui s’apprêtent à accueillir la Lituanie en janvier prochain, ne verraient pas forcément d’un bon œil l’arrivée d’une République tchèque très avare ces dernières années dans ses efforts de solidarité envers les pays en difficulté.

Bohuslav Sobotka,  photo: Kristýna Maková
Pour l’heure, le gouvernement s’est donc contenté de faire savoir qu’il entendait adhérer au Pacte budgétaire européen, mais à la condition toutefois d’obtenir certaines exceptions relatives à son budget et à sa dette publique. Cette adhésion engage la République tchèque à adopter les règles relatives à la discipline budgétaire, notamment un déficit budgétaire inférieur à 0,5% du PIB et une dette publique ne dépassant pas 60% du PIB. Toutefois le Premier ministre, Bohuslav Sobotka, a indiqué que la République tchèque ne se soumettrait aux principales réglementations de ce qui est aussi appelé le pacte de stabilité qu’après l’adoption de l’euro. Or, aucune date n’a encore été arrêtée sur ce point et personne, mis à part donc le président Zeman, ne semble prêt à franchir le pas et à prendre une décision particulièrement impopulaire.