Le Prix Karel Čapek décerné à Pavel Šrut, un auteur dont la poésie donne des ailes

Pavel Šrut, photo: CTK

Le poète, traducteur, auteur de livres pour enfants et auteur de textes de chansons, Pavel Šrut, 71 ans, a reçu, le 26 janvier, le prix Karel Čapek décerné par le PEN Club tchèque. Ce prix est remis tous les deux ans et récompense l’œuvre d’une vie, une œuvre qui se distingue, comme celle de Karel Čapek, par des valeurs démocratiques et humanistes.

Pavel Šrut,  photo: CTK
Le président du PEN Club tchèque, Jiří Dědeček, précise :

« Le prix est décerné par le PEN Club tchèque, mais le lauréat est toujours désigné par un jury indépendant. Nous attribuons ce prix depuis 1994, où il a été remis, à l’occasion de la tenue, à Prague, du Congrès du PEN Club international, à Günter Grass et à Philip Roth. Parmi les lauréats tchèques de cette récompense figurent par exemple Ludvík Vaculík, Jiří Stránský, Ivan Klíma, Jiří Kratochvil ou Václav Havel… »

« Pavel Šrut est quelqu’un qui a marqué deux ou trois jeunes générations par sa poésie. On connaît notamment les chansons qu’il a écrites pour le musicien Petr Skoumal. Je me souviens que lorsque mes enfants avaient cinq ou six ans, ils n’arrêtaient pas d’écouter leur album intitulé ‘Kdyby prase mělo křídla’. A l’époque, j’en avais même un peu marre d’écouter ces chansons tous les matins (rires). Mais elles sont, en effet, pleines d’humour, de tendresse, de gentillesse. C’est très bien fait. Par l’ensemble de son œuvre, Pavel a influencé plusieurs générations de Tchèques et je pense qu’il se rapproche ainsi de nos poètes ‘immortels’. »

« Kdyby prase mělo křídla » (en français « Si les cochons avaient des ailes ») est une adaptation musicale du poème de James Reeves « If Pigs Could Fly », signée de Pavel Šrut et du musicien Petr Skoumal. Interdit de publication à partir des années 1970 et jusqu’à la chute du régime communiste, Pavel Šrut est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, principalement de recueils de poésie et de paroles de musique, destinés tant aux enfants qu’aux adultes.

Ces dernières années, il s’est fait surtout remarquer par deux livres sur les « Lichožrouti », des êtres bizarres inventés par Pavel Šrut et la dessinatrice Galina Miklínová, qui vivent dans chaque famille et s’amusent à manger des chaussettes des enfants et de leurs parents. Les Lichožrouti ont valu à Pavel Šrut le prestigieux Prix Magnesia Litera en 2009.

Pavel Šrut, qui avoue n’avoir découvert la littérature pour enfants qu’à l’âge adulte se souvient de ses débuts littéraires :

« Un peu comme tous ceux qui lisent beaucoup, j’ai commencé à écrire vers l’âge de treize ans des romans de deux pages… Je m’y suis mis plus sérieusement vers dix-sept ans et j’ai publié mon premier recueil de poèmes sept ans plus tard. Comme j’ai étudié l’anglais à l’université, j’ai aussitôt découvert des dictons anglais et de courts textes basés sur le non-sens. Cela m’a beaucoup plu. J’ai d’abord essayé de les traduire, mais ça n’a pas marché. Alors j’ai commencé moi-même à écrire de la poésie pour enfants inspirée de ce non-sens britannique.»

Pavel Šrut,  photo: CTK
« En écrivant pour les enfants, je ne pense pas vraiment à eux, je cherche à faire ce qui m’amuse moi-même et j’espère transmettre cette joie aux autres », avoue Pavel Šrut. Pour lui, écrire est aussi important que savoir lire et écouter. Et lire et écouter est un moyen de faire face à la solitude dont souffrent, estime-t-il, beaucoup d’enfants aujourd’hui.

Avant de vous faire écouter un extrait de « Kolej Yesterday », un grand tube du chanteur Michal Prokop sur les paroles de Pavel Šrut, voici encore un mot, en français, d’un lecteur passionné de la poésie de ce dernier, de l’écrivain Jiří Stránský, lui-même lauréat du Prix Karel Čapek :

« Pour moi, la poésie de Pavel Šrut est un miracle. Mes enfants qui sont aujourd’hui grands, ainsi que mes petits-enfants, ils aiment tout ce qu’il a écrit. A chaque fois qu’il publie un livre, il me le donne avec une dédicace. Sa poésie et les dessins qui l’accompagnent procurent beaucoup de joie. »