L’écrivain Ivan Klíma est le lauréat du prix 2010 du PEN club tchèque
Après l’ancien président et dramaturge Václav Havel en 2008, c’est l’écrivain Ivan Klíma qui s’est vu attribuer, ce jeudi, le prestigieux prix littéraire Karel Čapek, décerné tous les deux ans par le PEN club tchèque. Ses premiers lauréats étaient, en 1994, deux auteurs étrangers : Günter Grass et Philip Roth. Ivan Klíma est devenu le dixième titulaire de cette récompense attribuée pour l’œuvre d’une vie qui a contribué à faire la promotion de valeurs démocratiques et humanistes dans la société.
« J’ai un rapport exclusif vis-à-vis de Čapek, car j’ai écrit plusieurs monographies de cet auteur ce qui fait que c’est l’écrivain que je connais le mieux de la littérature tchèque. »
Ivan Klíma fait quant à lui partie des écrivains tchèques les plus connus et les plus traduits au monde, avec Milan Kundera et Bohumil Hrabal. Ses romans, nouvelles et scénarios ont été traduits dans 30 langues. Rescapé du ghetto de Terezín où il a été interné pendant trois ans et demi, Ivan Klíma est aujourd’hui âgé de 78 ans. Ancien dissident, interdit de publier dans son pays après 1968, il a été l’un des fondateurs de la fameuse édition samizdat Petlice où ses œuvres paraissaient. Les vingt années d’interdiction, il les a passées comme ouvrier, arpenteur, aide infirmier et balayeur, sans avoir jamais cessé d’écrire. Ce n’est qu’après 1989 que l’importante œuvre d’Ivan Klíma est sortie dans les librairies.
Le jury de cinq membres a récompensé Ivan Klíma pour l’œuvre de toute sa vie et plus particulièrement pour son dernier livre « Mon siècle fou : » sorte de confession et de souvenirs du siècle écoulé vu par un homme qui a survécu au camp de concentration et qui a subi les pressions du totalitarisme communiste :« L’histoire de l’humanité est liée à d’immenses cruautés : depuis les massacres nazis exercés sur une base, disons, technique. Mais il faut voir ce qui se trouve derrière : c’était un siècle d’idéologies folles et criminelles et dans ce sens, il n’y a pas de différence, en principe, entre l’idéologie nazie et communiste. »
Le jury a apprécié tant la valeur factuelle que les qualités littéraires de la biographie enrichie de nombreuses réflexions et essais, observe le président du PEN club tchèque Jiří Dědeček :« Tous les deux ans (les années paires) le prix est délivré à des auteurs, pour la plupart tchèques, pour des œuvres qui prennent la défense ou qui font la promotion des idéaux démocratiques et humanistes. »
Parmi les lauréats de ce prix qui va de paire avec un chèque de 100 000 couronnes figurent, entre autres, les romanciers Arnošt Lustig et Ludvík Vaculík ou l’ancien président du PEN club tchèque, Jiří Stránský. Le prix est une sculpture en bronze de Vladimír Preclík qui l’a conçue comme un livre ouvert avec au milieu le portrait en relief de Karel Čapek.