Le projet de base anti-missile américaine et l'opinion publique tchèque

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Dans l'émission d'hier, nous avons évoqué les positions des principaux partis politiques concernant l'éventuelle installation d'une base anti-missile sur le sol tchèque. Seul le parti majoritaire au Parlement, l'ODS, dont le chef Mirek Topolanek tente actuellement de former un gouvernement, semble divisé sur l'opportunité d'un référendum sur la question. Car selon les premiers sondages réalisés, les Tchèques se montrent assez défavorables au projet du Pentagone.

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83% de personnes interrogées sont opposées à cette base militaire en Tchéquie : c'est le chiffre qu'avançait le quotidien Mlada fronta Dnes il y a quelques semaines. Le sondage, à l'instar du journal, manquait cependant de consistance, avec seulement 354 personnes interrogées. Depuis, l'agence STEM a sorti une autre enquête d'opinion, plus sérieuse, dans laquelle 51% des sondés se déclaraient contre le projet, 17% ne se prononçaient pas, et 32% y étaient favorables.

Lundi, une manifestation a rassemblé une centaine de personnes dans le centre de Prague, initiée par une organisation indépendante appelée « Non aux bases ». Jan Malicek en est le porte-parole :

« Nous sommes une organisation apolitique. Nous voulons attirer l'attention sur le fait qu'on ne discute pas assez du sujet ici. Nous souhaitons que les citoyens s'impliquent dans le débat et signent une pétition qui demande un référendum sur la question. »

Dans le défilé, une dame d'un certain âge, Eva Malerova, explique en quoi le projet de base militaire ne lui plaît guère :

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« Pour moi, l'actuel président des Etats-Unis n'est pas une personne digne de confiance. Je ne crois pas aux raisons qui justifient l'installation de missiles sur notre sol. Nous ne pouvons nous le permettre avec notre passé, quand une autre armée était déjà ici... »

En Pologne, l'autre pays qui pourrait héberger la base américaine, un récent sondage montrait que 23% de la population seulement y était favorable. Mais Washington devrait parvenir à convaincre Varsovie ou Prague, ou les deux, avec des arguments de poids, comme ceux de l'argent et des visas par exemple. Et à Prague, les Américains pourraient trouver une oreille attentive si le gouvernement en formation est investi : le potentiel ministre des Affaires étrangères, Alexandr Vondra, est un atlantiste convaincu. Il est déjà celui qui avait conseillé à Vaclav Havel de signer en 2003 la lettre de soutien à George W. Bush et à l'invasion de l'Irak.