"Le rêve tchèque" : hypermarché fictif et film événement
« Le rêve tchèque »... pour certains, le meilleur film qui a été créé en République tchèque depuis 1989. Pour d'autres, une tromperie cynique. Une chose est certaine : le film de deux étudiants de la FAMU, l'école supérieure de cinéma de Prague, sorti fin mai et projeté récemment au Festival de Karlovy Vary, ne laisse personne indifférent.
Une société de publicité renommée, des photographes et visagistes, un compositeur, un choeur d'enfants, des animateurs de la TV et de la radio se mettent au boulot. Résultat ? Des affiches à chaque coin de rue, une chanson, des spots dans les médias, des annonces dans les journaux... Evidemment, le projet des cinéastes est tenu secret, mais ceux qui en font la publicité sont au courant. Business is business - bien qu'ils se disent honnêtes, ils acceptent tous de promouvoir le produit qui n'existera jamais et, mieux encore, de persuader de ses qualités les 10 millions de Tchèques. Le comportement des 4 000 parmi eux qui se précipitent, le 31 mai, à l'aube, à Letnany, pour acheter « une télé à 500 couronnes » ou des « cornichons de Znojmo », est, certes, ridicule, parfois même sympatique : (Oh la la, les gars, qu'est qu'on était cons de venir !). Mais ce qui donne la chair de poule, c'est la machinerie publicitaire, observée de près, disséquée. Les profils de ceux qui manipulent et de ceux qui se laissent manipuler, des heureux consommateurs.
Le 31 mai 2003, lorsque les derniers rêveurs quittent Letnany, après avoir mitraillé de questions Vit et Filip, le tournage du film s'achève et un débat public houleux s'ouvre. Un an plus tard, Le rêve tchèque sort en salles et... c'est à nouveau l'effet d'une bombe. Les confessions des deux cinéastes ainsi que les échos du film au Festival du Film de Karlovy Vary ce dimanche, dans Culture sans frontières...