Le salaire minimum va connaître une nouvelle hausse

Photo illustrative:  Filip Jandourek, ČRo

A partir de janvier 2019, le salaire minimum, qui concerne 150 000 travailleurs en République tchèque, sera augmenté de 1 150 couronnes (environ 44 euros) pour être porté à 13 350 couronnes (près de 513 euros). La coalition gouvernementale a validé ce mardi cette augmentation, laquelle a été le fruit de discussions parfois houleuses…

Jana Maláčová,  photo: ČTK / Kateřina Šulová
La sociale-démocrate Jana Maláčová, ministre du Travail et des Affaires sociales, est la principale artisane de cette mesure. Elle ne cachait pas sa joie à l’issue du conseil des ministres qui a permis de l’entériner :

« Cette augmentation me fait plaisir. Vous savez que les négociations, tant au sein de la coalition qu’avec les partenaires sociaux, ont été relativement longues, de l’ordre de plusieurs mois. Cela traîne depuis le mois d’août dernier et je suis heureuse que nous soyons parvenus à mettre fin à ce processus. »

Favorisée par le contexte économique, avec une croissance qui reste soutenue et un très faible taux de chômage, la hausse du salaire minimum est toutefois sans surprise contestée par les organisations patronales. Mais elle est le résultat d’un compromis, expliquait ce mardi Richard Brabec, le ministre de l’Environnement (ANO) :

« On a recherché pendant assez longtemps une position qui satisferait toutes les parties. Lundi, lors de la réunion tripartite, il est apparu que ni le patronat ni les syndicats n’étaient satisfaits. Cela peut paraître négatif au premier abord mais à bien y regarder c’est plutôt une bonne chose : quand aucune des deux parties n’est contente, le compromis est probablement équilibré. »

Le débat a également été ardu au sein de la coalition gouvernementale. Héraut de la rigueur budgétaire, la ministre des Finances, Alena Schillerová, du mouvement ANO, a été en première ligne pour batailler contre la hausse voulue par sa collègue sociale-démocrate :

« J’ai toujours défendu l’idée d’une augmentation de 1 000 couronnes, ce qui, selon moi, fait sens en terme de pourcentage vis-à-vis de la croissance du salaire moyen. Je ne vois pas de logique à ce que, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années, le salaire minimum augmente plus rapidement que le salaire moyen. Mais évidemment, je ne suis pas antisociale et je considère très mauvaises les années où le salaire minimum a été gelé. »

Photo illustrative:  Filip Jandourek,  ČRo
Car c’est précisément l’un des arguments en faveur de cette nouvelle hausse. Si le salaire minimum a régulièrement été réévalué depuis l’été 2013, il n’avait plus bougé à l’époque depuis six ans, jusqu’à atteindre un niveau inférieur à un tiers du salaire moyen en République tchèque. Encore aujourd’hui, malgré plusieurs hausses successives, le salaire minimum, qui s’approche des 40 % du salaire moyen, est à peine supérieur au seuil de pauvreté.

Aussi, ce n’est probablement pas la dernière passe d’armes entre la social-démocratie et le mouvement ANO. Jana Maláčová entend en effet poursuivre une politique de réévaluation de ce minima social, une façon selon elle de stimuler la hausse de tous les salaires. « Le travail doit payer », explique-t-elle :

« Je reçois beaucoup de messages de citoyens qui me disent que, même si cette augmentation est significative, le montant du salaire minimum reste très faible. J’en suis consciente. Avec 13 350 couronnes, il est très difficile de vivre. C’est pourquoi la social-démocratie s’efforcera, si le gouvernement se maintient ou bien fonctionne jusqu’à la fin de son mandat, de faire en sorte que le montant final du salaire minimum se situe autour de 16 000 couronnes brutes en 2021. »

Dans un message publié sur Facebook durant le weekend, le Premier ministre Andrej Babiš évoquait lui son ambition de porter le salaire minimum au niveau de 15 200 couronnes en 2021. Mais Jana Maláčová pointe du doigt le véritable problème. La coalition gouvernementale de M. Babiš, lequel se trouve empêtré dans l’affaire dite du nid de cigognes et qui doit affronter le vote d’une motion de défiance vendredi à la Chambre des députés, survivra-t-elle jusque-là ?