Le tennis féminin tchèque, source de talents intarissable ?
Malgré l’élimination de Petra Kvitová dès le 2e tour ce mercredi, le tennis féminin tchèque confirme à l’Open d’Australie sa faculté à sans cesse se renouveler. Pas moins de onze joueuses, dont quatre avec le statut de tête de série, figuraient dans le tableau principal à Melbourne. Et parmi elles, trois très jeunes déjà très talentueuses.
Retenez bien leurs noms. Elles ne sont pas encore majeures, mais toutes trois figuraient dans le tableau principal de l’Open d’Australie. À respectivement 17, 15 et 16 ans, les sœurs Fruhvirtová, Linda et Brenda, et Sára Bejlek incarnent l’avenir du tennis féminin tchèque, et (qui sait) peut-être bien même mondial.
Certes, une seule d'entre elles a passé le premier tour. Linda Fruhvirtová a sorti sans trembler l’Australienne Jaimee Fournis en deux sets (6-0, 6-4), devenant ainsi la plus jeune joueuse européenne depuis 2019 et une certaine Iga Swiatek, l’actuelle n° 1 mondiale, à remporter un match dans le tableau principal du premier tournoi du Grand Chelem de la saison. À la sortie du court, comme elle l’a confié à l’envoyé spécial de la Radio tchèque, Linda Fruhvirtová avait donc toutes les raisons d’être satisfaite :
« Je pense avoir fait de bonnes choses. C’était mon premier match chez les adultes ici, donc je suis contente d’avoir pu gagner tout de suite. Un premier tour est toujours délicat, donc c’est bien de m’être qualifiée sans rester trop longtemps sous la chaleur. »
Avant de penser à son match du 2e tour, où elle affrontera Kimberly Birrell, autre modeste Australienne (167e mondiale), ce jeudi, Linda Fruhvirtová, qui, en septembre dernier à Madras, a remporté le premier titre de sa carrière sur le circuit WTA, était d’abord ravie de pouvoir disputer cet Open d’Australie en compagnie de sa sœur :
« C’est génial ! Ce que Brenda a réalisé ici, en remportant trois matchs de qualification aussi difficiles à 15 ans, est quelque chose d’exceptionnel. Nous avons attendu avec impatience toute l’année dernière de pouvoir participer à des tournois ensemble, du coup nous sommes très heureuses que cela se produise ici. »
Cette performance à Melbourne, pour le premier Grand Chelem de sa carrière, confirme que Brenda, déjà 135e mondiale, marche bien sur les traces de Linda (82e). Il y a deux ans, c’est ainsi déjà elle qui avait succédé à sa frangine au palmarès des Petits As à Tarbes, prestigieux tournoi souvent considéré comme l’officieux championnat du mondes des moins de 14 ans.
Les sœurs Fruhvirtová ne sont pas les seules à se mettre en valeur en ce début de saison. Avant elles, Linda Nosková avait elle aussi frappé un grand coup en atteignant la finale de l’Open d’Adélaïde, après avoir battu notamment la Biélorusse Victoria Azarenka, ancienne n° 1 mondiale, et la Tunisienne Ons Jabeur, actuellement 2e, en quarts et demi-finales.
Alors que les carrières de Petra Kvitová et de Karolína Plíšková sont désormais davantage sur une pente descendante, les éclosions successives des Fruhvirtová, Nosková et autres Bejlek, sans même citer les noms des quelques autres demoiselles qui derrière commencent elles aussi à pointer le bout de leur nez au plus haut niveau, pourraient faire penser que le tennis féminin tchèque est une source de talents intarissable.
Toutefois, à en croire Jaroslav Plašil, le reporter tennis de la Radio tchèque qui suit les performances des joueurs et joueuses tchèques d’un œil très attentif depuis de nombreuses années, cette réussite et cette présence constante dans l’élite mondiale ne sont pas les fruits d’un système de formation « miraculeux ».
« C’est plutôt la conséquence de plusieurs facteurs, et d'abord du rôle des parents qui se sacrifient et consacrent beaucoup de temps aux carrières de leurs enfants. On peut citer les parents de Petra Kvitová, de Lucie Šafářová et de beaucoup d’autres encore. C’est vraiment le point commun de la plupart de ces joueuses qui, lorsqu’elles percent et réussissent au plus haut niveau, deviennent des modèles pour les plus jeunes qui veulent les imitier. »
« Ensuite, je dirais qu’en République tchèque le système de compétitions dès le plus jeune âge est plutôt bien organisé par rapport à ce qui se fait dans les autres pays. Cela stimule la concurrence entre joueuses, comme les centres d’entraînement qui peuvent prendre le relais des parents, car tous n’ont pas forcément les moyens de financer les carrières de leurs filles. »
En République tchèque, le tennis, fort de cette organisation et de ce savoir-faire, fait partie des sports choisis en priorité par les jeunes filles et leurs parents, comme l’explique encore Jaroslav Plašil :
« Chez les garçons, vous avez plein d’autres sports que tous les enfants peuvent ou ont envie de pratiquer comme le foot ou le hockey. Chez les filles, c’est moins évident. Pour elles, le tennis n'est pas qu’un troisième, quatrième ou cinquième choix. C’est pourquoi les plus talentueuses font du tennis, tandis que chez les garçons, c’est beaucoup moins le cas. »
Confirmation de ces propos : seulement trois Tchèques figurent cette année dans le tableau masculin de l’Open d’Australie.