Le vote de confiance à la Chambre des députés, mettra-t-il fin à la crise gouvernementale?
Le gouvernement Stanislav Gross a survécu au vote d'une motion de censure. Parmi les 198 députés présents à la Chambre, 76 ont voté pour le maintien du cabinet, 78 contre, et 44 se sont abstenus. Pour que le cabinet tombe, il aurait fallu 101 voix.
La session clé à la Chambre des députés a été ouverte à 9 heures du matin. Un débat émotif, dramatique et très personnel a précédé le vote de la motion de censure. Le Parti civique démocrate l'a initié à cause des circonstances douteuses autour de l'achat de l'appartement privé de Stanislav Gross et des activités commerciales de son épouse menée avec une amie inculpée de fraudes fiscales et propriétaire d'une maison close. Révélées par les médias en début d'année, ces affaires ont provoqué une crise gouvernementale. Miroslav Kalousek, chef de l'Union chrétienne-démocrate KDU, l'un des trois partis de la coalition, a invité Stanislav Gross à quitter la tête du cabinet pour que celui-ci puisse continuer son mandat jusqu'aux élections législatives de 2006, mais avec un autre chef, plus crédible.
La cote de popularité de Stanislav Gross, récemment encore homme politique préféré des Tchèques, a radicalement baissé. Dans les derniers sondages, il ne bénéficiait que de 18% d'opinions favorables. Stanislav Gross a pourtant refusé de quitter son poste. Il a présenté ses excuses aux citoyens et annoncé que son épouse arrêterait ses activités commerciales. Lors du congrès de la social-démocratie, le week-end dernier, il a été élu chef du parti, ce qui a paradoxalement aggravé la situation.A l'issue du vote de la motion de censure, le chef du groupe des députés du Parti civique démocrate, Vlastimil Tlusty, a réagi avec ces mots à son résultat:
"Le gouvernement qui, lors des élections législatives de juin 2002, a obtenu son mandat sur la base d'une majorité à 101 voix à la Chambre des députés, l'a définitivement perdu par ce vote. Ce gouvernement a survécu grâce aux 44 députés communistes qui, en s'abstenant de voter, ont estimé que ce gouvernement devrait continuer d'exister. Autrement dit: les communistes ont soutenu Stanislav Gross à la tête du gouvernement, ils l'ont pris en otage."
Le chef du Parti chrétien-démocrate, Miroslav Kalousek, qui depuis plusieurs semaines réclamait la démission de Stanislav Gros, a déclaré ceci après le vote à la Chambre:
"J'ai informé, jeudi, le président de la République, Vaclav Klaus, et nos partenaires de la coalition de la décision de la KDU d'abandonner le traité de coalition. Les ministres chrétiens-démocrates ont donné leur démission et ce vendredi, les députés chrétiens-démocrates n'ont pas soutenu le cabinet Gross".
Dans une telle situation, ce sont donc les députés communistes qui ont fait pencher la balance. Le comité exécutif a recommandé aux députés de s'abstenir de voter. Le chef du parti, Miroslav Grebenicek, a sévèrement critiqué le travail de la coalition gouvernementale, notamment sa politique anti-sociale et l'absence de loi sur les déclarations d'impôts sur la fortune, en déclarant qu'il avait trahi les valeurs de gauche :"Le vainqueur des élections a créé un cabinet de coalition non pas pour réaliser son programme électoral, mais pour ne pas devoir accomplir ses promesses électorales."
Grebenicek a expliqué que si le parti communiste s'était abstenu de voter, c'était parce qu'il ne voulait pas prolonger à l'infini la crise constitutionnelle.
Dans son discours, Stanislav Gross a souligné qu'en dépit du départ des chrétiens-démocrates, le cabinet n'abandonnerait pas la réalisation du programme électoral. Il a manifesté une certaine ouverture à l'égard du parti communiste en déclarant qu'il ne reculait pas devant un parti élu par les électeurs.
"Je ne veux pas conduire un gouvernement qui abandonnerait les principes de programme sur lesquels il est né et je déclare clairement que je n'ai prié personne de soutenir ce gouvernement. Tant que j'ai eu des négociations avec des leaders de partis, je les ai menées au travers de l'éventail politique, ce que les partenaires dans ces négociations peuvent confirmer."
Le gouvernement actuel a une raison pour continuer, a estimé Gross en s'appuyant sur quelques indices économiques: la croissance la plus forte de ces sept dernières années, un faible taux d'inflation, et en énumérant les tâches qu'il veut terminer et qui doivent améliorer la situation dans le domaine social - la diminution des impôts, l'adoption de la loi sur l'incompatibilité des intérêts et une réforme raisonnable des loyers.