L'Ecole d’été d’études des langues slaves : une 26e édition réussie pour l’Université Palacký d’Olomouc

Photo:Milada Hronová / zurnal.upol.cz

Prague n’est pas la seule ville du pays à accueillir chaque été des amoureux de la langue de Karel Čapek et plus généralement de la culture tchèque. A la mi-juillet, bien que désertée par ses étudiants habituels, Olomouc, en Moravie, se charge à nouveau d’un esprit studieux. Depuis 1986, l’Université Palacký propose aux étrangers tchécophones et tchécophiles des cours intensifs de tchèque et de découvrir d’autres langues slaves, notamment le russe et le polonais. Reportage...

Photo:Milada Hronová / zurnal.upol.cz
Ils sont ingénieurs américains, écrivains espagnols, touristes néerlandais adeptes des séjours dans le pays, étudiants britanniques en slavistique, ou encore français de l’INALCO, de La Sorbonne ou de Sciences Po. Chacun apporte à Olomouc son histoire et ses motivations, un éclectisme qui fait la richesse du séjour et des rencontres. Les étudiants français, fidèles participants, témoignent :

Pierre : « Je suis étudiant à La Sorbonne, où j’étudie le tchèque depuis trois semestres. Je suis également en études centre-européennes et études slaves, et c’est sans doute ce qui m’a amené ici à Olomouc pour apprendre le tchèque : cet intérêt prononcé pour les civilisations centre-européennes. »

Apolonia : « J’apprends le tchèque à Sciences Po, campus de Dijon. J’ai choisi le tchèque parce que quand j’étais petite, mes parents m’ont beaucoup montré les dessins animés de la mascotte nationale Krteček (La Petite Taupe). On peut aussi comparer le tchèque avec le polonais, parce que, nous Polonais, on a un peu l’impression que c’est un petit enfant qui parle. Je vais à la Letní škola (Ecole d'été, ndlr) d’abord pour rencontrer des gens, perfectionner le tchèque, et c’est l’occasion de faire beaucoup de rencontres très sympathiques et de se confronter à la réalité tchèque, plus que par les cours. »

Photo: Pavel Konečný / zurnal.upol.cz
Pierre : « J’étudie l’histoire à l’université de Paris X et j’ai commencé l’année dernière à étudier le tchèque à l’INALCO, parce que j’avais commencé à m’intéresser à l’histoire de l’Europe centrale et de la Bohême, à l’histoire médiévale surtout. J’ai décidé d’en profiter cette année pour aller à la Letní škola d’Olomouc. Je voulais éviter d’aller dans une trop grande ville et j’avais envie de découvrir Olomouc que je n’avais jamais visité avant. »

Adrien : « J’étudie le tchèque à l’INALCO tout simplement parce que je suis d’origine tchèque : mon nom de famille en tchèque se prononce Stožický. Comme j’ai été étudiant en histoire, je suis très curieux de mes origines et je souhaite faire des recherches sur mon arrière-arrière grand-père qui est arrivé en France au début du XXe siècle, on ne sait pas trop pourquoi. Je compte aller dans sa ville d’origine, faire des recherches dans les archives municipales et essayer de retrouver des gens de sa famille qui pourront peut-être m’en apprendre un peu plus. »

L'Université Palacký d'Olomouc
Grégoire : « J’ai commencé à apprendre le tchèque surtout pour améliorer ma connaissance des langues slaves en général, car c’est un domaine qui m’intéresse. Je suis assez content d’avoir choisi le tchèque, un peu par hasard je dois dire. C’est une langue assez intéressante dans le sens où elle est rattachée à toute une dimension culturelle, littéraire, historique. »

Les Français retrouvent ainsi des Japonais, des Azéris, des Italiens ou encore des Brésiliens autour d’une même passion pour la langue et la culture tchèques, qui déborde d’ailleurs sur le côté enseignant. Cette année, Pavla Zelená, lectrice de tchèque à La Sorbonne à Paris, a choisi de consacrer deux semaines de son été à l’enseignement de sa langue maternelle :

« Je suis ici parce que l’école d’été me permet d’avoir une autre expérience professionnelle, et en plus j’habite ici à Olomouc et l’enseignement me manque, donc voilà, j’enseigne ici. L’ambiance est différente du lectorat à La Sorbonne, parce que c’est vraiment intensif ici : j’enseigne chaque jour six heures et je vois les mêmes personnes pendant six heures, cinq jours par semaine. »

Peu rebutés par la complexité de la langue et l’intensivité des cours, les étudiants regrettent même de ne pas pouvoir prolonger leur séjour. L’attractivité de la ville d’Olomouc y est pour beaucoup. Petite bourgade de 100 000 habitants, la ville dispose d’un capital historique et culturel que savent exploiter les organisateurs de l’université d’été pour le plaisir des étudiants curieux et passionnés.

Apolonia : « La Letní škola d’Olomouc propose plein d’activités comme les danses et les chants folkloriques qui sont très intéressants, et un ‘divadelní workshop’, donc un atelier de théâtre, et en gros plein de petites conférences sur la linguistique tchèque pour approfondir nos connaissances. C’est aussi pour l’environnement, car c’est très bien situé, il fait beau et on peut aller voir la petite colline de Svatý Kopeček et c’est très agréable. »

Grégoire : « C’est la deuxième fois que j’y vais et j’aime vraiment beaucoup la ville, pas trop grande et donc assez conviviale. Il n’y a pas non plus trop de monde à la Letní škola et je trouve que l’ambiance est vraiment très bonne. Les cours sont assez intéressants et poussés, j’ai été assez satisfait. C’est toujours une expérience qui laisse beaucoup de souvenirs, on rencontre pas mal de gens intéressants avec qui on garde contact et on peut aller leur rendre visite après dans leurs pays respectifs. »

Les nombreuses activités proposées par la ville et l’université n’ont cependant pas suffit à étancher la créativité de certains étudiants. Quatre d’entre eux ont ainsi organisé et donné un concert de musique baroque, dont voici un extrait.