L'éditeur de Mein Kampf condamné une deuxième fois en procès renouvelé
Le tribunal de Prague 7 a prononcé le deuxième verdict de condamnation contre l'éditeur Michal Zitko pour la publication de la traduction tchèque du livre d'Adolf Hitler, Mein Kampf. Le verdict a déclenché une polémique sur la publication de livres "tabouisés".
En mars 2000, Michal Zitko a fait traduire en tchèque Mein Kampf et l'a fait éditer en 100 000 exemplaires, dont 90 000 ont été vendus, le reste a été retiré du marché au moment de l'ouverture du premier procès, en décembre 2000. Michal Zitko a alors été condamné à 3 ans de prison avec sursis de 5 ans et à une amende de 2 millions de couronnes, pour la propagation d'un mouvement réprimant les droits de l'homme. La Cour suprême a révoqué le verdict, faute de preuves qui prouveraient l'impact du livre sur la prolifération de mouvements néo-nazis. Le verdict prononcé lundi par le même tribunal de Prague 7 rend Michal Zitko coupable de la diffamation de peuples, de races et de convictions.
Bien que cette fois-ci, la peine soit plus modérée, 2 ans de prison avec sursis de 3 ans, Zitko s'est pourvu en appel. Devant le tribunal, il a tenu à souligner que Mein Kampf est paru ensemble avec Le Manifeste communiste, L'Etat et la révolution de Lénine et d'autres oeuvres dans le cadre de l'édition Les Mythes qui ont changé le monde. A ses dires, toute l'Europe a publié Mein Kampf. Les Tchèques eux-aussi ont le droit à le lire.
Qu'est-ce qu'en pense le politologue Zdenek Zboril, spécialiste de mouvements extrémistes que le tribunal a entendu en tant que témoin. Il estime que l'éditeur ne doit pas être poursuivi. Il serait pour une diffusion limité du livre sous le contrôle d'une autorité judiciaire. Selon Zboril, le tribunal devait dire en quoi Mein Kampf est dangereux pour la société tchèque en l'an 2003, ce qu'il n'a pas fait. Pour cette raison il pense que ceux qui craignent que le verdict puisse menacer la liberté d'expression, ont raison. Les idées dangereuses n'existent pas, c'est leur interprétation qui peut devenir dangereuse. Dire d'un livre qu'il est dangereux provoquerait une réaction en chaîne.
Mein Kampf n'est d'ailleurs pas le premier livre qui se soit retrouvé devant le tribunal. C'est aussi le cas du livre "Les tabous dans les sciences sociales" indiquant les résultats des recherches selon lesquelles les Roms et les Noirs auraient un quotient intellectuel plus bas que celui de la population majoritaire et entreraient plus souvent en conflit avec la loi, ou encore le livre "Nous cuisinons au cannabis" traduit devant le tribunal pour la propagation de la toxicomanie.