Les 190 ans du Musée national et ses plus grandes curiosités qu’il abrite

Photo: CzechTourism

Depuis 190 ans, le Musée national de Prague collectionne les objets documentant l’évolution de la civilisation et de la planète. Le plan de fondation du musée a été publié le 25 avril 1818 par František comte de Kolowrat. Les premières collections réunies à partir de dons privés étaient exposées en juillet 1818 au couvent Saint Jacques dans la Vieille-ville de Prague, et il a fallu encore 73 ans pour que le principal bâtiment du Musée national soit inauguré, le 18 mai 1891, sur la place Venceslas.

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Des millions d’objets réunis pendant les 190 ans écoulés sont aujourd’hui à découvrir dans 5 sections du Musée national et nous avons demandé à leurs directeurs de nous présenter les plus grandes curiosités qu’elles abritent.

Le premier arrêt est au Musée des sciences naturelles. Jiří Litochleb attire notre attention sur un trilobite dont l’âge est évalué à plus de 510 millions d’années. Il a été retrouvé en Bohême centrale lors de l’édification d’un chemin de fer hippomobile et provient de la collection du savant et paléontologue français Joachim Barrande :

« Grâce à Barrande le trilobite fait partie des collections du musée depuis 1818 : c’est un fossile tout particulièrement exceptionnel qui par sa taille de 30 centimètres, dépassant la moyenne habituelle qui est de 2 à 10 cm, représente une espèce de formes géantes et il est à la fois le fossile le mieux conservé de l’ère primaire sur notre territoire. »

Le Musée d’histoire qui est une autre des 5 sections du Musée national, possède des collections uniques de fouilles archéologiques, d’armes, ainsi que par ex. celles de pharmacies historiques. Souvent, le musée prête ses objets à des expositions à l’étranger comme c’est le cas actuellement d’une exposition La Femme celte préparée en collaboration avec des collègues en France, dit la directrice du Musée d’histoire, Věra Přenosilová, en nous montrant ce dont elle dit que c’est le plus luxueux parmi les innombrables objets :

« Vous voyez ici une collection unique de bijoux du Moyen-âge précoce qui proviennent de la région autour de Kouřim où était localisé l’un des plus grands lieux fortifiés des Slaves en Bohême, d’une superficie de 44 hectares. Une autre collection de valeur exceptionnelle est celle de bracelets en or, matériel utilisé rarement à l’époque et remontant à 3 500 ans. Pas plus de 4 bracelets de ce type ont été retrouvés sur notre territoire, dont 3 sont gardés chez nous. En revanche, l’un des objets les plus ‘jeunes’ est une plume d’or par laquelle le président Tomáš Garrigue Masaryk a signé la déclaration d’intérêts communs des peuples indépendants d’Europe centrale, le 26 octobre 1918. »

Exceptionnellement précieuses sont les collections du Musée Náprstek baptisé selon son fondateur, l’explorateur et ethnographe Vojta Náprstek, et qui réunit les objets des cultures d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Australie. Sa directrice Blanka Remešová a bien voulu nous montrer les objets les plus rares que le musée abrite :

« C’est la robe dite Heureuse de Chine acquise en 1887 par Václav Stejskal qui l’a acheté à Canton, lors de son voyage à bord d’un navire en Asie. C’était la robe semi-officielle des fonctionnaires de l’empire chinois de la dynastie Cching de 1644, qui a reçu ce nom à cause de sa symbolique exprimée notamment par des dragons et par son rôle de protection de celui qui la portait. Très intéressante est aussi la daguerréotypie de deux Indiennes d’Amérique du Nord qui est l’une des premières à être ramené en Bohême, et puis encore le boomerang qui se distingue pour être un boomerang pour gaucher, richement décoré et ramené à Prague d’Australie par le professeur Daneš, premier consul tchécoslovaque à Sydney. »

Le benjamin parmi les cinq sections du Musée national – le Musée tchèque de la musique qui a depuis 2004 son siège dans un somptueux palais baroque de Malá Strana. Sa coupole vitrée amplifie la lumière éclairant ses intérieurs et le vaste atrium prête un cadre unique à plus de 700 000 objets exposés dont les plus anciens datent du XVIe siècle. Parmi les précieux instruments, partitions originales et autres témoins de l’histoire de la musique, sa directrice Dagmar Fialová attire notre attention sur ceux-là :

« Vous regardez le violon, un don fait au musée par le violoniste tchèque František Ondříček qui a remporté avec cet instrument de l’atelier pragois Gand et Bernadel le premier prix du conservatoire de Paris, en 1878. Une véritable curiosité, c’est la clé en bronze du cercueil de Nicola Paganini, virtuose du violon qu’un autre violoniste de génie tchèque, Jan Kubelík, a reçu du petit-fils de Paganini. C’est un don symbolique s’attachant au mythe qui s’est créé à l’époque autour des deux génies du violon à cause de leurs capacités considérée comme surnaturelles. Ensuite, c’est la partition originale du concert en Si mineur pour violoncelle et orchestre d’Antonín Dvořák qui est l’une des oeuvres majeures de la musique mondiale. Et encore un chef-d’oeuvre que le musée possède : l’autographe de la Variation en Ré Majeur pour mandoline et clavecin de Ludwig van Beethoven que le compositeur a dédiée à Josefina Klaviová, éminente cantatrice. Beethoven s’est rendu plusieurs fois en Bohême et cette partition a été créée lors de l’un de ses séjours tchèques. »