Les ados tchèques fument (un peu) moins d’herbe mais boivent plus

Déjà détenteurs du titre de plus gros consommateurs de cannabis, les jeunes Tchèques sont-ils également les champions d’Europe de la consommation d’alcool ? Certes non. Néanmoins, le nombre d’élèves âgés de 16 ans consommant de l’alcool régulièrement reste en augmentation. Plus de 20 % d’entre eux avouent être ivres au moins trois fois par mois. En revanche, même s’il reste le plus élevé en Europe avec 42 %, le nombre d’adolescents ayant consommé au moins une fois de la marihuana a légèrement diminué pour la première fois. Tels sont deux des principaux enseignements qui ressortent de l’enquête internationale réalisée auprès d’élèves de 16 ans dans le cadre du Projet européen d'enquête en milieu scolaire sur l'alcool et les autres drogues (ESPAD).

Photo: Commission européenne
Etude la plus approfondie sur la consommation de substances nocives parmi les jeunes Européens de 16 ans, le projet ESPAD existe depuis maintenant dix-sept ans. Sur cette période, deux grandes tendances se dégagent en République tchèque : une importante consommation de cannabis et une hausse légère mais continuelle de la consommation excessive occasionnelle d'alcool. Là où le pourcentage des ados Tchèques reconnaissant avoir une consommation excessive au moins trois fois par mois n’était encore que de 14 % en 1995, il est désormais 21 %. Concernant le tabac, un jeune sur quatre fume régulièrement. Près de 4 000 élèves du secondaire de 360 écoles du pays ont ainsi participé à l’enquête menée l’année dernière. Coordinateur de la politique nationale de lutte contre la toxicomanie, Jindřich Vobořil analyse ces résultats :

Jindřich Vobořil | Photo: Bureau du Gouvernement tchèque
« Les derniers résultats sont légèrement meilleurs que ceux d’il y a quatre ans. Néanmoins, ils restent inquiétants, notamment dans deux domaines précis, à savoir la consommation de cannabis et d’alcool, et plus particulièrement de l’alcool dur. En revanche, là où la situation évolue positivement, c’est dans le domaine de la consommation problématique des drogues. »

Les auteurs de l’enquête pointent du doigt l’accessibilité des boissons alcoolisées en République tchèque, où, dans les bars, restaurants et discothèques, la bière reste moins chère qu’une bouteille d’eau, de limonade ou de jus de fruit. Jindřich Vobořil estime que cette réalité est l’une des causes de l’augmentation de la consommation d’alcool chez les jeunes :

« Je pense que la société tchèque dans son ensemble est plus tolérante que d’autres en ce qui concerne la consommation d’alcool. Les études de ces dix dernières années démontrent que la situation a évolué. L’alcool et les autres drogues illégales ne sont plus considérés comme deux choses différentes, leurs consommations sont désormais étroitement liées. Si la consommation d’alcool est régulière et plus importante que la moyenne à un jeune âge, il y a en général un risque plus élevé de consommation de substances illégales. »

En République tchèque, le champion des produits illicites reste sans conteste le cannabis. Le flou législatif qui tolère la possession de ce qui est désigné comme « une petite quantité », favorise, selon certains experts, l’interprétation selon laquelle la consommation de cannabis n’est pas illégale et n’est pas particulièrement nocive, au même titre que l’alcool notamment.