Les allées d’arbres le long des routes sont-elles dangereuses et inutiles ?

En République tchèque, il existe 184 allées d’arbres protégées qui bordent les routes. La plus ancienne se trouve à Jičín, dans la région appelée « Paradis tchèque », et elle a été plantée en 1640 déjà. Les services de l’entretien des routes et la police sont pour l’abattage d’un grand nombre d’arbres qui forment ces allées. Pour quelles raisons et quelles sont les réactions à une telle initiative ?

Rappelons tout d’abord que l’initiative de planter des arbres le long des routes et des chemins sur le territoire actuel de la République tchèque revient à l’impératrice Marie-Thérèse. Bien que des allées aient été plantées le long des routes bien avant, la première loi sur l’aménagement d’allées sur les bords des routes et des chemins a été adoptée en 1752 seulement. Elle concernait les « voies impériales » et on plantait surtout des tilleuls, des marronniers, des hêtres et des arbres fruitiers. La loi fixait même la distance à respecter entre les différents arbres – 11,40 m.

Les siècles ont passé, les routes se sont élargies et, surtout, beaucoup plus de véhicules bien plus rapides les empruntent de nos jours. Les arbres qui servaient, jadis, à orner le paysage, à mieux s’y orienter ou tout simplement à procurer de l’ombre aux carrosses et calèches en été, sont devenus des dangers pour l’intense trafic routier. En plus de cela, ils représentent d’importantes dépenses pour les services d’entretien des routes, car il faut les tailler régulièrement ou contrôler l’état de leurs racines.

Cette année, la Direction des routes et autoroutes tchèques a annoncé qu’elle comptait abattre près de 9 000 arbres le long des voies de communication, ce qui a suscité une large désapprobation. Le ministre de l’Environnement, Martin Bursík, est même allé jusqu’à demander le soutien des représentants sociaux-démocrates dans les conseils régionaux, institutions qui administrent la plus grande partie des routes en Tchéquie. Pourtant, d’après la Direction des routes et autoroutes tchèques, il ne faut pas dramatiser la situation, car l’abattage planifié concerne les arbres en mauvais état et ceux qui représentent un véritable danger pour la circulation. En plus de cela, de nouveaux arbres seront plantés. Le directeur Alfred Brunclík à ce sujet :

« Deux exemples pour tous : près de Nymburk, nous allons planter 30 000 arbres et arbustes et à peu près le même nombre sera planté dans la région de Kolín. Cela représente donc beaucoup plus que les 9 000 arbres environ que nous devons abattre sur tout le territoire tchèque. Je voudrais insister sur le fait qu’il y a plus de 55 000 km de routes en Tchéquie, donc environ un arbre tous les 6 km. »

L’Inspection tchèque de l’Environnement est absolument contre l’abattage massif des allées le long des routes, sauf dans le cas où certains arbres sont en mauvais état. Le ministre de l’Environnement, Martin Bursík, est plus ouvert au dialogue entre la Direction des routes et autoroutes tchèques et le ministre des Transports, Petr Bendl. La Police tchèque, elle, reste sur ses positions et demande l’abattage des arbres qui représentent un danger pour les automobilistes. Les quatre parties intéressées arriveront-elles à un accord afin qu’il y ait moins de morts sur les routes mais pour que la beauté des routes bordées de leurs allées soit conservée ?