Bruxelles a réduit le quota d'émissions de CO2 de la République tchèque

Photo: Commission européenne

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, l'Union européenne attribue depuis 2005 un quota d'émissions de dioxyde de carbone à chacun des pays membres. Une attribution qui s'accompagne régulièrement d'âpres négociations et qui ne fait pas toujours que des heureux, comme cela a été avec la République tchèque en début de semaine.

Photo: Commission européenne
86,8 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, alors que Prague en réclamait 102 millions, soit près de 15 % de plus. Tel est le quota d'émissions qu'a accordé, lundi, la Commission européenne à la République tchèque pour la période allant du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2012. Une décision accueillie avec satisfaction au ministère de l'Environnement dirigé par le leader du Parti des Verts, Martin Bursik, mais nettement moins du côté du ministère de l'Industrie et du Commerce. Le ministre Martin Riman estime que ce faible quota pourrait avoir des répercussions néfastes sur la croissance économique du pays :

« Etant donné qu'il s'agit d'une limite pour les cinq prochaines années et que la croissance de notre industrie se situe entre 7 et 9 % ces dernières années, ce quota pourrait véritablement constituer une entrave à la poursuite de ces bons résultats. Et je ne parle même pas de l'augmentation inutile probable du prix de l'électricité et des autres conséquences du même type que cette décision risque d'entraîner. »

Martin Bursik,  photo: CTK
Si la République tchèque a obtenu un tel quota, c'est parce que Bruxelles lui reproche d'avoir demandé plus de droits d'émissions que ce que ses usines ont rejeté dans l'atmosphère jusqu'ici. En effet, depuis 2005 et jusqu'à la fin de cette année, l'industrie tchèque a été autorisée à émettre un peu plus de 97 millions de tonnes de CO2, un des six gaz à effet de serre répertoriés par le Protocole de Kyoto. Or, en 2005, ses entreprises polluantes n'en ont émis que 82 millions. Une marge relativement importante, donc, que le gouvernement tchèque justifie aujourd'hui en expliquant qu'à l'époque, le rythme de la croissance économique du pays s'était ralenti. Un argument que la Commission européenne n'a toutefois pas estimé recevable.

Le ministère et les dirigeants des grandes sociétés industrielles s'inquiètent désormais des conséquences néfastes que l'attribution de ce nouveau quota pourrait avoir, notamment sur l'augmentation des prix de production. Car si une entreprise ne dispose pas de suffisamment de droits particuliers d'émissions, elle est autorisée à racheter ceux d'autres entreprises dont les émissions sont, au contraire, inférieures aux quotas fixés. Mais un rachat qui se répercute forcément sur les prix de production puis de vente à la consommation.

Reste que la décision de la Commission européenne n'a pas fait que des mécontents, notamment au ministère de l'Environnement. Son porte-parole, Karolina Sulova, explique pourquoi :

« Il s'est avéré que lors de la période qui s'achèvera à la fin de l'année, le quota de droits d'émissions était trop important. Cela a entraîné une baisse du prix de ces droits et par conséquent, un grand nombre d'entreprises ne voyaient pas l'utilité de réduire leurs émissions. Désormais, puisque le nombre de droits sera moindre, leur prix va augmenter, et cela va contraindre les entreprises à investir dans des technologies modernes plus effectives en consommation d'énergie et qui produisent moins de dioxyde de carbone. Cela signifie une augmentation de la capacité de concurrence des entreprises, mais aussi, bien entendu, une évolution positive pour l'environnement. »

S'il y a du vrai dans les deux camps, cette affaire est néanmoins une nouvelle fois la preuve qu'il est décidément bien difficile de marier les intérêts des partisans d'une croissance économique rapide et ceux des écologistes soucieux d'un plus grand respect de l'environnement.