Les banlieues de Paris et de Prague vues par des étudiants tchèques et français
Jusqu'au 11 septembre prochain sont exposées à Prague, au « Bar&Cafe 3+1 », dans le quartier de Mala Strana, des photos prises par des étudiants tchèques et français autour du thème des banlieues des capitales de leurs pays respectifs. Pavlina Kemrova est à l'origine de ce projet. Elle explique :
P.K. :« L'année dernière, j'ai fait mon Service Volontaire Européen à Chilly-Mazarin en France, où j'ai créé ce projet personnel d'échanges de jeunes. Un groupe de Tchèques est donc allé en France et des Français sont allés en Tchéquie. »
A.R. : Qui subventionne ce genre d'échanges ?
« L'agence nationale tchèque pour le programme de la jeunesse (Ceska narodni Agentura Mladez) et l'association SAOP (Sduzeni pro aktivni odpocinek a integraci postizenych) qui s'occupe de l'intégration des enfants dans le besoin et des enfants handicapés. »
Dans beaucoup de médias tchèques, les banlieues françaises sont, surtout depuis les événements de l'année dernière, décrites comme des endroits dangereux où il ne faut pas aller. Les étudiants tchèques ont-ils eu peur de s'y rendre ?
« Beaucoup m'ont demandée s'il y avait des voitures qui brûlaient... J'ai répondu qu'il n'y avait pas de problèmes. En plus cette banlieue sud de Chilly-Mazarin est très calme même si moi j'habitais à Longjumeau où c'est un peu plus dangereux... Les étudiants tchèques ont été très surpris au début par la proportion d'immigrés. Ils étaient venus avec des stéréotypes sur le fromage, le vin, le romantisme et la Tour Eiffel et là-bas cela n'a rien à voir avec ce que les gens imaginent en Tchéquie.»
Et les étudiants français ?
« Ils avaient peur, parce qu'ils imaginaient la Tchéquie comme un pays communiste où il y a beaucoup de mafias... Et ils ont été très surpris et disaient : 'c'est vraiment comme chez nous !' ».
Combien de photos peut-on voir dans ce bar de Prague ?
« Au début, nous avions une quarantaine de clichés. Nous en avons choisi dix-huit pour l'exposition. En fait, nous avons travaillé dans de petits groupes. Le sujet général était 'l'exclusion sociale', mais chaque groupe l'a traité à sa manière, en se concentrant par exemple sur des personnes handicapées, sur des toxicomanes ou des SDF. L'idée de base était de comparer la situation dans les banlieues à Paris et à Prague. Le projet s'intitule 'Tous différents - tous égaux'. Au début, nous pensions qu'il allait y avoir beaucoup de différence entre les deux pays. Finalement, nous nous sommes aperçus que les problèmes sont partout pareils... Il existe une seule différence, à mon égard : en France, il est interdit de squatter, alors qu'à Prague, c'est toujours possible. »
Est-ce vraiment la seule différence ? Les Français qui viennent à Prague s'étonnent toujours de l'absence d'immigrés dans les cités en bordure de la capitale...
« Mais ici aussi, nous avons des communautés vietnamienne, ukrainienne...Bien sûr, il s'agit de cultures différentes, je pense également que les membres de ces communautés ne vivent en République tchèque que temporairement, à la différence des immigrés en France... Mais les problèmes qui se posent dans les banlieues me semblent similaires quand même. »
Quelle est votre photo préférée dans cette expo ?
« C'est une photo prise par une étudiante française devant une association qui s'occupe des tziganes à Zizkov, avec des enfants qui regardent le ciel vers un ballon qui est hors-champ... C'est vraiment une note d'espoir. »
Cette exposition va-t-elle voyager ?
« Nous avons été contactés par l'association YMCA de Plzen qui veut exposer nos photos. Et puis en France, la MJC de Chilly-Mazarin où je travaillais doit les exposer à partir du 11 septembre. »
Les photos d'étudiants tchèques et français sont exposées jusqu'au 11 septembre au « Bar&Cafe 3+1 », 10 rue Plaska, dans le quartier de Mala Strana.