Les barrières de l'emploi vont-elles tomber dans l'UE ?
La libre circulation des travaileurs en Europe. Nous revenons auourd'hui sur ce point important pour l'avenir de l'UE et de ses habitants. Au printemps prochain, 12 des 15 anciens membres devront décider s'il maintiennent ou non les restrictions à leur marché du travail.
Des revendications, qui font un écho lointain à la rencontre à Prague, en octobre 2005, du ministre des Affaires étrangères français Philippe Douste-Blazy et de son homologue tchèque Cyril Svoboda. Le problème de la libre circulation des travailleurs était déjà au centre des discussions.
12 des 15 anciens membres de l'UE empêchent actuellement le libre accès à leur marché du travail, tel que défini par le traité d'adhésion des 10 nouveaux membres. D'ici le 30 avril, ils auront à décider de prolonger ces restrictions ou de rejoindre la Grande-Bretagne, l'Irlande et la Suède dans l'ouverture de leurs marchés. Les pays de l'UE sont de toute façon appelés par les dispositions européennes à assouplir les restrictions liées au travail jusqu'à 2011, date à laquelle elles ne devraient plus exister. Le gouvernement tchèque essaie quant à lui, par un travail de lobbying, de les faire sauter dès maintenant. Pour les hommes politiques tchèques, la peur du "plombier polonais" est totalement injustifiée. Elle va avec l'idée que les membres anciens de l'UE seraient submergés par la main-d'oeuvre bon marché des nouveaux membres. Un constat qui n'est pas vérifié par les statistiques avec la Grande-Bretagne, assez ouverte. Pour le président du Sénat Premysl Sobotka, "aucun danger que les Tchèques n'envahissent les marchés du travail en Europe".On se demande même si ce n'est pas parfois la tendance inverse qui se produit. Face au chômage, de nombreux Français par exemple ont choisi de travailler à l'étranger. Dans son numéro de septembre 2005, le magasine français Technikart consacrait une enquête à l'émigration des Français. Titre éloquent : "Le plombier polonais, c'est nous !". 2 millions de Français seraient actuellement hors de l'Hexagone pour avoir cherché du travail. La stratégie serait payante puisque 97 % d'entre eux ont réussi. Le chiffre est surtout un record dans l'histoire du pays. Face à cette Europe à deux vitesses, certains, comme Jaromír Drábek, président de la Chambre tchèque de Commerce, préconisent des mesures radicales... et plus agressives. Oeil pour oeil, dent pour dent, la République tchèque devrait imposer les mêmes restrictions à l'égard des candidats de l'ouest à l'embauche.
Zdenek Skromach, le ministre du Travail et des Affaires sociales, a affirmé que le gouvernement ne prendrait aucune mesure restrictive pour le marché tchèque du travail. "Nous comprenons les préoccupations des candidats à l'embauche à l'étranger, mais nous ne pouvons pas prendre de mesures bureaucratiques contre les travailleurs de l'UE en République tchèque.", a-t-il affirmé. Pour autant, Skromach se dit prêt à se battre pour unifier la libre circulation en Europe. Il a rappelé que l'Espagne et la Finlande allaient sans doute bientôt lever les restrictions aux travailleurs tchèques. Aucun changement en perspective, en revanche, du côté de l'Allemagne et de l'Autriche, qui comptent garder leurs marchés fermés.Vladimír Spidla, commissaire européen à l'emploi, aux affaires sociales et à l'égalité des chances, a pour sa part estimé légitime le droit, pour les pays, de protéger leurs marché du travail jusqu'à 2011. L'ancien premier ministre tchèque a ajouté que quatre pays seraient susceptibles d'ouvrir leurs frontières au printemps. Le 8 février, il présentera à la Commission européenne un rapport sur les marchés du travail dans l'UE. Il y exposera plusieurs arguments pour le déblocage des restrictions. Au premier rang de ceux-ci, l'exemple de la Grande-Bretagne, qui devrait démontrer aux 15 qu'il n'y a aucun danger à ouvrir leur marché du travail. On compte aujourd'hui 230 000 travailleurs d'Europe centrale ayant travaillé ou travaillant en Grande-Bretagne.
Photo: Commission européenne