« Les brasseurs tchèques » : de la bière de Bohême brassée en Haute-Savoie

Photo: Les brasseurs tchèques

Direction la Haute-Savoie en France, vers le village de Thyez où a récemment ouvert un établissement appelé « Les brasseurs tchèques » - un nom qui ne pouvait résolument laisser insensible votre radio préférée. Entretien avec Denis Traudich, le fondateur de cette brasserie originale, dont le modèle se trouve – évidemment – en Bohême.

Thyez,  photo: Lcs74,  CC BY-SA 4.0

Bonjour Denis Traudich, pourquoi ce nom « Les brasseurs tchèques » ?

« Cela vient de Plzeň. J’y étais un soir et en me promenant dans les rues j’ai vu une brasserie artisanale, Beer factory. Je suis entré et en ai bu une – et elle m’a vraiment plu. C’est parti de là. Donc j’y suis retourné le lendemain et en ai bu une ou deux… Ensuite j’y suis retourné avec mes collaborateurs et on en a goûté plusieurs pour être sûrs. »

« De là, j’ai voulu monter une brasserie à Thyez en Haute-Savoie et j’ai demandé au patron de la brasserie tchèque s’il pouvait me faire la même brasserie que la sienne. Il a accepté et tout a été très simple finalement. »

Qu’est-ce qui vous a amené à Plzeň ?

« Je vais régulièrement en République tchèque depuis environ 25 ans, parce que j’y ai démarré la première filiale de Bontaz centre, un équipementier automobile basé ici en Haute-Savoie. C’était en 1995 et j’y ai ensuite monté d’autres sociétés dont une société de mécanique, DT Group, à Rokycany où je vais régulièrement. »

Vous parlez tchèque ?

« Oui, au début j’ai pris des cours de tchèque à Genève pendant quatre ans pour démarrer, pour pouvoir me débrouiller sur place, ou peu de monde parlait français ni même anglais. »

Vous êtes souvent en Bohême ?

« Oui, tous les deux mois environ. Pas avec le confinement, mais je compte y retourner dès que possible, en juillet peut-être. »

Photo: Les brasseurs tchèques

Comment s’est passé l’ouverture de votre établissement ?

« C’était juste avant le confinement, on a ouvert trois mois. Ça a démarré tout de suite assez fort, la bière plait vraiment. Aujourd’hui on commence à produire notre quatrième type de bière, après la blonde, la blanche, la bière de noël et l’IPA. On a vite connu le succès, sur une courte durée parce qu’on a dû fermer avec le confinement. On a rouvert depuis quelques jours, on fait aussi de la vente à emporter et on développe un réseau de cavistes et de bars. »

Qui brasse votre bière ?

« C’est notre brasseur tchèque, qui est là jusqu’au mois d’octobre dans le cadre de cette installation ‘clé en main’. On vient d’engager un nouveau brasseur français de Haute-Savoie qui doit être formé cette semaine. »

Vous mettez apparemment un point d’honneur à utiliser des ingrédients tchèques, dont le célèbre houblon de Žatec, le houblon Saaz…

« Oui, je voulais la même qualité et le même goût surtout. Donc il ne fallait surtout rien changer à la recette ! »

Photo: Les brasseurs tchèques

Une de vos bières en bouteille s’appelle Ivona. Est-ce l’épouse du brasseur ?

« Non, c’est une idée de ma fille qui a eu l’idée de mettre des prénoms tchèques féminins pour définir chacune de nos bières. »

Comment s’est passé le confinement ? Avez-vous continué la livraison ?

« En fait on a profité du confinement pour produire d’autres types de bière, la mettre en bouteille et la faire découvrir à travers un réseau de cavistes. »

Vous faites de la bière tchèque – servez-vous aussi des plats tchèques ?

« Il y a une recette tchèque à chaque fois – on a même eu un burger tchèque et même des knedlíky ! ».

Vous disiez vouloir retourner cet été en Bohême – êtes-vous optimiste quant à la reprise de l’activité industrielle tchèque ?

« Oui, comme ici en France. Je pense qu’il faut attendre encore quelques mois. On voit que la Chine redémarre un peu et le reste devrait suivre – je reste optimiste. »

Photo: Les brasseurs tchèques

On a pu lire que la tendance à la relocalisation en Europe pourrait bénéficier à l’Europe centrale. Selon vous, la Tchéquie reste attrayante ?

« La Tchéquie restera toujours attrayante, car il y a un fort potentiel et on trouve une bonne qualité de personnel, surtout en mécanique. »

Aviez-vous souffert également de la pénurie de main d’œuvre en Tchéquie avant la pandémie, comme beaucoup d’employeurs ?

« Oui, comme partout, comme en France aussi. C’est un vrai problème, un frein au développement de notre entreprise, donc on a dû automatiser davantage. Il va peut-être y avoir plus de monde sur le marché du travail désormais… »

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