« Les capitales européennes sont embarrassées par ce que fait Václav Klaus »

La République tchèque est le dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié le traité de Lisbonne et le président tchèque reste désormais le seul obstacle à l’entrée en vigueur du texte qui doit réformer les institutions européennes. A Bruxelles et dans les autres capitales européennes, on s’impatiente. Alexis Rosenzweig a joint par téléphone Philippe Ricard, le correspondant à Bruxelles du quotidien français Le Monde :

Le président Klaus veut désormais une garantie pour ne pas que soit remis en question les décrets Béneš. Il a posé cette nouvelle condition vendredi. Où en est-on ce lundi à Bruxelles ?

« On n’en est pas bien loin dans le processus. Tout le monde attend de voir ce que va demander le gouvernement tchèque au nom de M. Klaus. Le fait est que cette nouvelle demande exaspère les Européens, c’est très clair. Mais ceux-ci essaient de rester calmes et d’éviter d’avoir un ton trop offensif ou aggressif à l’égard de M. Klaus pour essayer d'éviter de l’isoler et de le braquer. »

Le temps presse puisque les autres pays européens et Bruxelles souhaitent que le traité entre en vigueur avant la fin de l’année. Cette course contre la montre pourrait jouer en faveur de M. Klaus, est-ce que sa demande a des chances d’aboutir ?

Václav Klaus,  photo: CTK
« C’est vrai que les 26 autres pays - et même le gouvernement tchèque d’ailleurs – aimeraient que le traité de Lisbonne entre en vigueur le plus tôt possible et si possible avant la fin de l’année. Mais en fait il n’y a pas de délai impératif et le traité pourrait entrer en vigueur en février ou mars 2010, il y a déjà des gens ici qui l’imaginent d’ailleurs. L’enjeu est quand même essayer d’éviter que les choses ne trainent trop à cause de la menace de référendum brandie par les conservateurs britanniques s’ils remportent les prochaines élections. On voit bien l’enjeu en terme de calendrier : ce n’est pas tant le délai de la fin de l’année qui est important, c’est plutôt d’essayer d’avoir un traité entré en vigueur avant les élections britanniques du printemps prochain. »

On parle beaucoup à Prague de potentielles menaces et notamment du fait que la République tchèque pourrait perdre son commissaire dans la prochaine Commission européenne. Des menaces qui pourraient être réelles selon vous ?

« A ce stade les gouvernements européens ne sont pas allés très loin dans la voie des menaces. Le président en exercice de l’UE, le Suédois Fredrik Reinfeldt, a même dit que des menaces seraient contre-productives. Il est très clair que les capitales européennes sont très embarrassées et agacées par ce que fait Klaus mais sont également jusqu’ici extrêmement prudentes pour éviter qu’il ne se braque. Les menaces vont revenir sur le devant de la scène s’il n’y aucun mouvement, qu’on est dans l’impasse et que Klaus multiplie les manoeuvres dilatoires. Mais à ce stade, elles ne sont vraiment pas à l’ordre du jour. »