Les catastrophes esthétiques d'Andy Warhol

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Le musée de Kampa propose une exposition exceptionnelle d'oeuvres de la figure de proue du pop-art, lié au Velvet Underground, Andy Warhol. Et vingt ans après sa mort, décidément l'enfant terrible de l'art américain continue d'aller de paire avec des polémiques, jusqu'à Prague.

Photo: CTK
Une petite dizaine d'oeuvres pour une salle peu importante, mais l'occasion rare de voir en vrai des oeuvres du pionnier du pop-art, d'origine slovaque, qui a révolutionné la perception de l'art dans les années 60, c'est ce que propose le Musée Kampa. L'occasion était trop belle de ne pas le faire savoir au plus grand monde, alors que la saison touristique bat son plein. Le musée risque donc de se faire infliger une amende par l'institut des monuments historiques de la mairie de Prague s'il ne supprime pas l'imposante affiche qui couvre une partie du bâtiment. Mais pour Jiri Machalicky, conservateur du musée, cette affiche est nécessaire :

C'était d'ailleurs le cas de Francesca, de Genève, grande amatrice de Warhol : « En me promenant sur le pont (Charles, ndlr), j'ai vu de loin qu'il y avait ce musée avec une affiche portant le nom d'Andy Warhol, et j'adore Warhol. Donc je ne pouvais pas passer à côté, même s'il y a dans cette ville des tonnes de choses magnifique par elles-mêmes. »

L'exposition, appelée Disaster Relics, soit Catastrophes, propose notamment des photos d'accidents de la route. Pour Warhol, la répétition à l'infini dans les journaux d'images traumatisantes finissait par avoir un effet anesthésiant et occultait l'émotion.

« On vient de commencer à parcourir cette exposition, elle est toute petite. Je ne suis pas sûre qu'elle soit très représentative de Warhol, c'est très succinct. Normalement c'est une série d'accidents terribles. Mais il n'y en a que quelques uns, je ne sais pas pourquoi ils ont choisi cette thématique car il y a aussi des images de Marilyn, d'Elvis. Peut-être parce qu'il est vrai que les photos des 'disasters' sont plus dures à trouver. »

D'après Jiri Machalicky, c'est un choix de l'auteur de l'exposition :

« Je pense qu'Aneta Shine pensait que l'exposition porterait ce nom, mais qu'elle la concevrait dans un sens plus général, que l'exposition exprimerait les catastrophes dans leur diversité, telles qu'elles ont frappé l'esprit d'Andy Warhol. Ainsi on trouve un tableau très connu de la série Marilyn Monroe, pour laquelle son suicide n'a jamais été vraiment expliqué. De même, il y a Elvis Presley dont la mort est aussi entourée de mystères vu que de temps en temps, on entend dire qu'il est toujours vivant. D'un autre point de vue, il y a le portrait de Mao qui a tué des millions de personnes. »

En fait, c'est donc la mort qui est le fil conducteur de l'exposition. Andy Warhol lui-même a beaucoup écrit dessus, lui qui tout jeune fut frappé par une maladie du système nerveux appelée la danse de St-Guy et réchappa plus tard de justesse aux coups de feu d'une féministe radicale.