« Les années dorées » d’Andy Warhol à Hluboká nad Vltavou

Photo: Melanie Pfändlerová

L’exposition « Zlatá šedesátá », littéralement « les années 1960 en or », organisée à la galerie Alš de Bohême du Sud, dans la ville de Hluboká nad Vltavou, présente depuis le 13 juillet et jusqu’à fin septembre, une rétrospective des œuvres d’Andy Warhol, l’enfant terrible des années 1960 et 1970. Au micro de Radio Prague, Aleš Seifert, le directeur de la galerie, évoque cet artiste à la renommée mondiale.

Photo: Melanie Pfändlerová
Si l’américain Andy Warhol, dont la mère est née à Míková, un village situé au nord-est de l’actuelle Slovaquie, se fait connaître dans le monde en tant que peintre, graveur, metteur en scène avant-gardiste, manager du groupe de rock « The Velvet Underground » et personnage clé du mouvement Pop Art, il a néanmoins commencé sa carrière comme illustrateur d’objets publicitaires. Et c’est de cette manière, et pour la première fois, qu’une galerie veut présenter cet artiste en tant que designer et illustrateur, entre autres, des célèbres couvertures de vinyles de Sergei Prokofjev, des Velvet Underground, des Rolling Stones, ou d’autres moins connues, comme celles de John Lennon ou d’Aretha Franklin. Le directeur de la galerie à Hluboká nad Vltavou, Aleš Seifert, nous a dévoilé plus de détails sur cet évènement :

« La galerie Alš de Bohême du Sud fête cette année son 60e anniversaire depuis sa création, et on a décidé de fêter cet anniversaire avec un projet intéressant, qui porte le nom de « Andy Warhol, les années dorées 1960 » (« Andy Warhol – Zlatá šedesátá »). Cette exposition reflète l’œuvre de cet artiste américain remarquable, aux racines tchécoslovaques, dans la mesure où elle présente une rétrospective à travers toute sa production. L’exposition est également organisée à l’occasion du 85e anniversaire de l’artiste. Le point culminant de cette exposition est de présenter pour la première fois au public, l’ensemble de disques, vinyles, uniques en leur genre, illustrés par Warhol tout au long de sa vie, et ce depuis les années 1950, jusqu’à son décès. Andy Warhol a commencé à dessiner la dernière pochette de vinyle l’année de sa mort pour la chaîne de télévision musicale MTV ; une pochette qu’il n’a pas achevée. »

Photo: Melanie Pfändlerová
Les œuvres d’Andy Warhol ont été fournies d’une part par des collectionneurs privés, mais aussi par les coorganisateurs de cette exposition, à savoir le Musée d’Art moderne d’Andy Warhol dans la ville de Medzilaborce, en Slovaquie, qui a prêté près de cinquante pièces, et la « Andy Warhol society » slovaque, qui est une entité juridique indépendante des autres associations internationales portant le nom d’Andy Warhol. La « Fondation européenne centrale » de Slovaquie (« Central european foundation ») a, quant à elle, prêté des sérigraphies uniques, à savoir « les portraits de dix juifs du XXe siècle ». Andy Warhol y reproduit des personnalités marquantes, comme Sigmund Freud, Franz Kafka, Gertrude Stein ou Albert Einstein. Aleš Seifert s’est expliqué sur ces pièces d’exception :

« Cette série est unique en son genre, dans la mesure où Andy Warhol n’a fait au total que cinq tirages ; chaque tirage rassemblant entre 3 et 200 unités de chaque portrait. Cette série qui sera présentée chez nous représente le tout premier exemplaire de tous les tirages parus, ce qui veut dire qu’il est très précieux. »

Photo: Melanie Pfändlerová
Aleš Seifert a notamment fait savoir qu’un livre de 2011 des écrivains Martin Cihlář et Rudo Prekop a l’ambition d’éclaircir la relation entre Warhol et la Tchécoslovaquie. La partie interactive de l’exposition est également consacrée à la découverte de ce qu’est la sérigraphie, et le visiteur a ainsi la possibilité de créer sa propre œuvre d’art à la manière de Warhol.

« Étant donné que l’exposition est orientée vers la sérigraphie, une autre chose qui attirera l’attention des visiteurs sera une « petite Factory », ou bien ce que l’on appelle « le carrousel d’impression », qui dispose de quatre tamis, à l’aide desquels chaque visiteur peut imprimer son motif sur un t-shirt ou sur un papier d’impression. Les visiteurs peuvent bien évidemment emporter avec eux cet exemplaire, et ainsi voir par eux-mêmes, ce qu’est la sérigraphie. C’est vraiment une activité très intéressante, dans la mesure où peut-être 70 à 80% des visiteurs ne connaissent pas cette technique de la sérigraphie, qui est une technique marginalisée de nos jours. Donc, il y a ce toucher original avec le travail, grâce auquel chacun peut créer sa propre empreinte individuelle, que personne ne pourra plus jamais reproduire de la même façon. »

Photo: Melanie Pfändlerová
Dans son premier récit autobiographique, « Ma philosophie de A à B et retour », Andy Warhol a une posture qui semble provocante vis-à-vis de l’art : « L’art des affaires est l’étape qui succède à l’art. J’ai commencé comme artiste commercial (en étant designer pour une marque de chaussures dans les années 1950) je veux finir comme artiste d’affaires ». On ne peut que confirmer, qu’il s’agit là, d’une chose accomplie.