Les centres de désintoxation et les associations caritatives pris d’assaut après l’amnistie

Photo: Kristýna Maková, ČRo

Le feuilleton de l’amnistie présidentielle, décrétée par Václav Klaus le 1er janvier, semble ne pas avoir de fin. Après les fraudeurs fiscaux et les délinquants économiques, ce sont les vendeurs de drogues qui se retrouvent au coeur de la polémique.

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Ils seraient 2000 vendeurs et consommateurs de drogue a avoir été relâchés grâce à l’amnistie, selon les estimations des spécialistes. Une vague à laquelle doivent faire face les centres de distribution de méthadone de tout le pays, dont certains ont déjà dû mettre en place un système de liste d’attente. D’après les premières estimations de la ville de Prague, le centre de désintoxication Drop In situé dans le quartier de la Vieille ville est passé d’une centaine à quatre cents visites par jour depuis l’amnistie. Le médecin-chef du centre, Jiří Šperl, s’en inquiète à la télévision tchèque.

« C’est une forte augmentation, c’est visible et c’est connu. D’après mes estimations ils pourraient être 1200 [à Prague] ».

Les autres centres du pays subissent la même pression face à l’augmentation demandes des toxicomanes : les centres de désintoxication d’Ostrava affichent complet, tandis qu’à Brno les travailleurs sociaux tentent de prendre contact avec les nouveaux arrivants, dont une grande majorité s’est éparpillée dans les rues de la deuxième plus grande ville du pays, rendant leur localisation plus difficile, et donc les aides sociales moins efficaces.

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En effet nombre de ces toxicomanes amnistiés se retrouvent en liberté sans ressources, sans travail, et sans accompagnement social ni médical. Ils se tournent ainsi vers les associations caritatives, qu’ils ne sont pas les seuls condamnés libérés à prendre d’assaut. Ni les organismes publics, ni les associations caritatives n’étaient prêts à faire face à cette vague de demandeurs d’aides sociales et d’emplois. Edith Kroupová, porte-parole du centre caritatif du diocèse de Litoměřice, le raconte : la tendance est à se renvoyer la balle.

« Un homme d’une cinquantaine d’année s’est adressé à nous, il venait d’être libéré et il n’avait que des mitaines et un pantalon. Il s’est tourné vers un agent de médiation et de probation, mais il n’avait nul part où vivre, il n’avait aucun vêtement alors l’agent nous l’a envoyé et nous lui avons donné des vêtements d’hiver. »

Des vêtements, des médicaments, un endroit où dormir, éventuellement une aide pour reprendre contact avec leurs familles, ou pour trouver du travail : voilà ce que proposent habituellement ces associations, qui ont du mal à faire face à l’augmentation des demandes. Eliška Lukšová, directrice d’un centre d’accueil de jour et de nuit l’explique : face au nombre, la première solution est de les renvoyer vers les aides publiques.

Photo: Kristýna Maková,  ČRo
« Nous essayons d’établir avec eux quelle est leur situation sociale, principalement pour qu’ils puissent aller s’enregistrer dans un centre de recherche d’emploi et qu’ils recoivent une allocation, car ils n’ont rien ni nul part où aller. »

Alors qu’un groupe de sénateurs s’apprête à mener campagne auprès de la Cour constitutionnelle pour faire annuler une partie de l’amnistie, l’absence totale de mesure pour assurer le suivi et la réinsertion des condamnés libérés ne semble émouvoir personne au Parlement. Pourtant sans mesure ni aide supplémentaire, les organismes publiques et les associations vont avoir bien du mal à passer l’hiver.