Les Chemins de fer tchèques : passé, présent et avenir

Nous sommes en hiver et, cette année, il semble qu'il se veuille assez rude en République tchèque. Les « anciens » vous diront : quoi de plus normal ? De notre temps, il faisait encore plus froid et il y avait encore plus de neige. La neige... Une aubaine pour les amateurs de sports d'hiver, la catastrophe, souvent, pour ceux qui doivent prendre la route. Alors, pourquoi ne pas prendre le train ? C'est ce que nous vous proposons en vous présentant les Chemins de fer tchèques, un peu d'histoire, de présent et d'avenir surtout.

La plus ancienne ligne de chemin de fer, en Tchéquie, est celle qui relie, depuis les années vingt du XIXe siècle, la ville de Ceske Budejovice, en Bohême du sud, à Linz, en Autriche. A ces débuts, les wagons étaient tractés par des chevaux. Dans les années soixante, la ligne bifurqua vers Cheb, à la frontière avec l'Allemagne, et en 1871, le chemin de fer arriva jusqu'à Benesov, à une trentaine de kilomètres de Prague. En 1882, Prague était reliée à Linz, donc aussi à Vienne. Une voie de communication importante dans l'ancien Empire austro-hongrois. Après les débuts, avec les chevaux, ce fut la locomotive à vapeur puis, plus tard, le diesel qui prirent la relève. Il a fallu attendre jusqu'en 2002 pour que toute la ligne conduisant de Prague à la frontière avec l'Autriche soit entièrement électrifiée. Il faut dire que le développement des chemins de fer tchèques, en général, fut un peu semblable sur toutes les lignes, bien que l'électrification des lignes conduisant en Moravie ou en Slovaquie ait été plus rapide. Les spécialistes et les amateurs de trains considèrent la ligne reliant Prague à Linz comme la plus historique. C'est l'une des plus fréquentées et les trains de voyageurs, comme le Sanssouci, le Vindobona, Smetana ou Regent, sont devenus des légendes. Cette ligne revêt aussi une importance énorme dans le transport des marchandises.

Du passé, revenons au présent des Chemins de fer tchèques. Le présent, c'est le fait que la compagnie publique pensait transporter dans les 175 millions de voyageurs en 2003. Le résultat n'est pas celui qu'on attendait : deux millions de personnes de moins ont pris le train. Pourquoi ? Tout d'abord, il y a le prix du billet de train : il est souvent plus élevé que celui de l'autocar. Selon le Directeur général des Chemins de fer tchèques, Petr Kousal, le nombre de passagers pourrait augmenter avec la mise en service des trains à grande vitesse de type Pendolino, au début sur la ligne Prague-Brno.

« Nous nous efforcerons de les mettre en service à la moitié de cette année. Je pense que nous sommes parvenus à une grande amélioration dans la propreté des trains. Nous continuerons dans les améliorations, naturellement en évitant l'augmentation des tarifs ».

Propreté, modernisation, tarifs, vitesse, ce sont les mots qui retentissent le plus souvent, quand on parle des trains. A propos, quel est l'état actuel des chemins de fer ? L'âge moyen des wagons est de 25 ans. On trouve des wagons de 28 ans, et c'est aussi l'âge moyen des locomotives électriques. La dernière modernisation date de la fin des années quatre-vingt. Cette année, les Chemins de fer ont décidé de lancer un appel d'offres sur la livraison de 20 nouvelles motrices électriques. Elle en possède 544 à courant continu et 247, les plus anciennes, à courant alternatif. L'achat devrait être financé par un crédit octroyé par l'association des chemins de fer européens, Eurofirma (dans les 60 millions d'euros). Ces motrices seront à triple-système. Cela veut dire qu'elles pourront rouler aussi bien en Tchéquie qu'en Autriche ou en Allemagne.

On parle beaucoup des prix des billets de train. Les voyageurs se plaignent : ils sont trop élevés. Selon le Directeur général, Petr Kousal, pas d'augmentation dans le proche avenir et les prix des billets pour les trains à plus grande vitesse, Pendolino, devraient être les mêmes que ceux des Eurocity actuels.

« Les Pendolino seront des trains de catégorie supérieure, commes les Eurocity, Supercity ou Intercity. Le prix des billets devrait être le même, mais nous étudions différentes alternatives ».

Les Chemins de fer tchèques rencontrent beaucoup de problèmes. L'un d'eux, la rentabilité (avec un manque à gagner de 100 millions de couronnes dans le transport des voyageurs l'année passée) conduit aussi à une révision de la politique du personnel, aux licenciements. Cette année, dans les 6 000 employés devraient perdre leur emploi. Les syndicats protestent et critiquent l'absence d'un programme social. Pourtant, les Chemins de fer tchèques n'échapperont certainement pas à une cure d'amaigrissement.

L'avenir du train en Tchéquie ? Surtout la modernisation des lignes et des trains. Les lignes, ce sont surtout les corridors à plus grande vitesse (160 km/h) : Berlin-Prague-Vienne ou la ligne la plus ancienne Prague-frontière autrichienne, via Ceske Budejovice. On ne peut en demander plus des lignes actuelles. L'avenir est donc dans la construction de nouvelles lignes de type TGV où les trains pourront rouler jusqu'à 300 km/h. Pour l'instant, les spécialistes des Chemins de fer tchèques pensent que les lignes de trains à grande vitesse devraient relier Nuremberg-Prague-Brno-Katowitz et Dresde-Prague-Brno-Vienne. La Tchéquie, après son entrée dans l'Union européenne, sera obligée d'améliorer son transport ferroviaire et les Chemins de fer tchèques, en dépit de préoccupations en matière de financement, sont préparés techniquement à rejoindre leurs collègues ouest-européens sur la voie du transport ferroviaire à grande vitesse. L'appartenance à la famille des Vingt-cinq pourrait les aider dans cet objectif, à priori la construction de la ligne Prague-Nuremberg.